Pour ces pilleurs de tombes-de Funkadelic à Pavement-, rien n’est sacré dans le rock américain. On suit. Chaque groupe trimballe son lot de données biographiques. Mais ici, pour une fois, il faudra tout oublier : leur adolescence à Seattle, les fugues bostoniennes du chanteur Chris Baliew et ses improvisations au sein de Supergroup avec Mark […]
Pour ces pilleurs de tombes-de Funkadelic à Pavement-, rien n’est sacré dans le rock américain. On suit.
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Chaque groupe trimballe son lot de données biographiques. Mais ici, pour une fois, il faudra tout oublier : leur adolescence à Seattle, les fugues bostoniennes du chanteur Chris Baliew et ses improvisations au sein de Supergroup avec Mark Sandman (leader de Morphine), l’analogie éventuelle entre les deux groupes à propos de l’instrumentation (ils utilisent des guitares et des basses amputées de quelques cordes). Seul leur patronyme semble apte à fédérer les particularités d’un tel album : à une époque où chaque groupe court après l’affirmation de sa singularité, ce trio répond en se faisant l’écho de l’ensemble du patrimoine musical américain. Autrement dit, un casse-tête pour le marketing et une garantie totale d’indépendance. Ainsi lâchés en pleine nature, The Presidents Of The united States Of America procèdent, ludiques et sans scrupules, au grand déballage et soldent le présent de la musique américaine tout en rappelant les moments privilégiés de son histoire. Il n’y a guère que Beck pour faire preuve d’une telle perméabilité et d’une telle audace. La comparaison s’arrête là, le capharnaüm de ces Presidents étant impeccablement rangé et parfaitement structuré. Ici, Funkadelic et MC 5 mettent leur répertoire en commun dans des expériences légèrement fusion, menées tous micros ouverts (Dune Buggy, Bool Weevil, Body) et le ton babillard. Ainsi les Presidents imaginent les lignes mélodiques imparables qu’un Primal Scream opportuniste ou des Red Hoi Chili Peppers en panne ont été incapables de dénicher. Un peu plus loin, sous une pile de resucées punk-pop rageuses baignées du meilleur esprit (Lump, We are not going to make it), les Presidents dessoudent la country western, histoire de charrier sans jamais pousser jusqu’à l’irrévérence (Peaches, Back Porch). Pour emporter définitivement les suffrages, il ne restait plus à ces iconoclastes en culottes courtes qu’à boucler leur campagne en terre indie – une de ces contrées où la pop arty fait office de sanctuaire. Stranger, petite ballade au refrain désopilant où ils consignent le rock fainéant de Pavement, les affranchira de cette dernière formalité.
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