De la musique contemplative pour matin câlin et chagrin.
Le nouvel album de Gregor Samsa s’appelle Rest et, effectivement,il accompagne parfaitement le repos agonisant, ces moments entre chien et loup où images et sons tournoient, altérés, floutés, confus. Moments d’aube où le pouls encore alangui a besoin des Islandais de Sigur Rós, des Américains de Low ou des Italiens de Port-Royal pour le sortir sans à-coups de la torpeur :
les murmures, silences et caresses orgasmiques de piano sont également depuis des années fournis par ces Américains méditatifs de Virginie, qui utilisent les cordes avec la même perversion mélancolique (c’est-à-dire pour se pendre) que leurs contemporains Dakota Suite ou Rachel’s.
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Mystérieusement méconnu malgré une discographie tout en chorales de murmures fervents et chants d’éther, Gregor Samsa prend ici de l’altitude, de l’ampleur, oubliant les plans de vols parfois un peu caricaturaux du shoegazing anglais pour des voltiges autrement plus audacieuses et mouvementées – on pense souvent à Eno, si seulement il utilisait un peu plus sa sublime voix de gospel livide. C’est dire si c’est magnifique et poignant. Sur le même label luxembourgeois (Denis Robert a raison : on sait rire, au Luxembourg), il est également question de Brian Eno et de sa pop étale chez Khale, quatre garçons aux couleurs pâles du Colorado.
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