France 2 diffuse ce soir un documentaire recueillant les témoignages poignants de parents et d’adolescents aux prises avec le harcèlement à l’école. Qui mène parfois jusqu’au suicide.
Parce qu’il était roux, un jeune collégien s’est fait pourrir insulter, moquer, humilier (“sale roux, tu pues”) par ses prétendus camarades. Jusqu’à se pendre. Pour de vrai. Le témoignage de ses parents, inaugurant l’enquête d’Andrea Rawlins-Gaston sur le harcèlement scolaire, serre le cœur et donne d’emblée le ton.
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La jeunesse n’est parfois que maux. Présumée innocente, elle sait être inhumaine quand elle le veut, y compris envers elle-même. Construit à partir des témoignages bouleversants de parents meurtris par le suicide de leur enfant et ceux d’adolescents victimes de harcèlement, le documentaire éclaire une pratique souvent étouffée dans les couloirs ouatés des lycées.
En France, 10 % des élèves disent avoir subi un harcèlement, soit plus d’un million d’enfants et adolescents. Parce qu’ils sont trop gros, parce qu’ils bégaient, parce qu’ils sont efféminés, des enfants subissent le sadisme de leurs congénères bas du front. Il suffit d’un visage un peu déformé par deux dents cassées, d’une silhouette disgracieuse, d’une attitude décalée pour que la spirale de l’insulte collective s’enclenche.
Un scandale à prendre au sérieux
Le sadisme s’auto-entretient, rien ne semble pouvoir l’arrêter. Et les mots défilent parfois dans les vies de ces enfants maltraités par ceux qui devraient être leurs frères et sœurs : “Boloss, sale pute, dégage, connard, tu sers à rien, va te suicider…” Pour se protéger et survivre, ils pleurent en silence, se réfugient dans les toilettes, là où les mots, les crachats, les coups ne peuvent surgir. A 85 %, les faits de harcèlement ont lieu au sein d’un groupe familier. Les agressions en ligne se développent aussi, comme si, de Facebook à Ask, l’acharnement ne connaissait jamais de répit.
Souvent ignoré, parce qu’en apparence désinvolte et inscrit dans l’histoire culturelle de la jeunesse lycéenne, le scandale du harcèlement scolaire n’a pas toujours été pris au sérieux par les pouvoirs publics. Cette enquête édifiante et frontale devrait enfin rendre visible l’obligation d’en prendre la mesure. Les témoignages, courageux, sincères, qui traversent le documentaire, et suffisent à en composer le corps entier, invitent à ne plus rire des moqueries répétées des sous-doués de l’humour des cours de lycée. Outre qu’elles témoignent chez ceux qui les expriment d’une puissante résilience, ces paroles résonnent comme un cri de révolte contre les dangers oubliés de la moquerie érigée en système de domination et d’humiliation.
Souffre-douleurs : ils se manifestent, documentaire d’Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea. Mardi 10, 22 h 25, France 2
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