Formidable source d’images, la musique des Tindersticks semblait taillée pour la BO : d’où la surprise de ce ratage. Grisés par la beauté capiteuse d’un premier album, on s’était volontairement laissé perdre au beau milieu de The Second Tindersticks album avec, pour seul fil d’Ariane, le barbelé des névroses bouquetées de Stuart Staples. Si bien […]
Formidable source d’images, la musique des Tindersticks semblait taillée pour la BO : d’où la surprise de ce ratage.
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Grisés par la beauté capiteuse d’un premier album, on s’était volontairement laissé perdre au beau milieu de The Second Tindersticks album avec, pour seul fil d’Ariane, le barbelé des névroses bouquetées de Stuart Staples. Si bien qu’on avait fini par oublier qu’à l’instar de ces grands crus qui délivrent les papilles comme l’imagination, les Tindersticks sont avant tout des faiseurs d’images qui, derrière le rideau des arômes entêtants de ces chansons mûries en fûts de chêne, dévoilent les contours d’un univers onirique jamais très loin de Lewis Carroll. Un monde perdu quelque part à la frontière du rêve éveillé et de l’ivresse comateuse, où les notes perlées d’un piano aqueux ou d’un vibraphone deviennent autant de portes ouvertes au grand bazar de l’inconscient. Rarement a-t-on rencontré chez un groupe de rock cette capacité à faire jaillir des tréfonds de la mémoire des images qui n’appartiennent qu’à chacun d’entre nous. Pour les clichés, on parlera sans doute de musique qui parle à l’âme. Il fallait donc s’attendre à ce que les services de Stuart Staples et de son orchestre soient, un jour ou l’autre, sollicités par le cinéma. C’est désormais chose faite grâce à la réalisatrice Claire Denis (Chocolat, S’en fout la mort, J’ai pas sommeil), qui sur la bonne foi d’un concert parisien décida de confier aux Tindersticks la bande originale de son nouveau film, Nénette et Boni. Une aubaine pour un groupe à qui on offrait la chance d’aller confronter ses talents de mise en scène aux propos et aux partis pris esthétiques d’une cinéaste qu’on ne remerciera jamais assez de ne pas avoir fait appel aux gammes permanentées de John Cale, shampouineur officiel de ce genre de production. Malheureusement, les Tindersticks convient ici à une consternante visite guidée de leur fonds de commerce l’illusion , prenant bien soin de dénouer devant nous toutes les (grosses) ficelles de leur art. Soit le strict et minimal thème instrumental de My sister, décliné sur tous les modes de la perception, à peine rehaussé d’une version rumba et d’un Tiny tears amputé de sa guitare rythmique. Un bien triste spectacle que de voir ces gagne-petit de la magie préférer dévoiler tous les secrets de leurs tours plutôt que de jouer devant une salle trop grande pour eux.
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