Spleen de Paris. Incurable romantique, un Parisien de 23 ans impose sa mélancolie sur les dance-floors : révélation et élévation. “A la maison il n’y avait que de la musique de qualité, la variété n’avait pas droit de cité : c’était Miles Davis ou Mozart.” De son père mélomane, DJ Cam a hérité précocement d’une […]
Spleen de Paris. Incurable romantique, un Parisien de 23 ans impose sa mélancolie sur les dance-floors : révélation et élévation.
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« A la maison il n’y avait que de la musique de qualité, la variété n’avait pas droit de cité : c’était Miles Davis ou Mozart. » De son père mélomane, DJ Cam a hérité précocement d’une oreille aiguisée et d’un goût très sûr. Cette leçon d’exigence se retrouve dans sa musique, avec une prédilection revendiquée pour « la période qui va de 1965 à 1975, à l’époque du second quintette de Miles Davis et de la fin de John Coltrane ». Comme son héros DJ Premier, Cam a le don d’extraire l’essence de ces joyaux vinyliques et de broder à petits points lumineux autour de séquences échantillonnées pour leur intensité. Avec un premier album autoproduit, Underground vibes, un monument de douleur qui fait du bien là où ça fait mal sorti dans la confidentialité il y a bientôt deux ans mais aussitôt repéré à l’étranger par Massive Attack ou DJ Krush , ce Parisien imposait déjà sa marque de fabrique, « l’abstract hip-hop mélancolique ». Foudroyé fin 1993 par la magie du séminal Influx de DJ Shadow, Cam appartient à cette vague de DJ’s convertis à l’exercice de l’instrumental subliminal. Mais contrairement au maestro californien, Cam marie les instruments live au sampler : Smooth One, le partenaire de l’ombre, ajoute la touche organique piano, six-cordes et vibraphone si souplement ajustée qu’elle sait se faire oublier. Avec ce nouvel album, Cam s’affranchit, à 23 ans, de ses racines premières « strictement hip-hop » et s’aventure timidement vers d’autres terrains de jeux, aux frontières de la house (Sound system children), de la jungle (Twilight zone) ou de l’ambient (Angel dust). Surtout, il pose enfin une voix sur ses mélodies, avec la grande chanteuse indienne Kakoli Sengupta, aux mélopées tragiques d’une pureté ensorcelante (Meera et Lost kingdom). On pourrait reprocher à DJ Cam sa logique systématique du spleen érigé en principe esthétique, s’il n’était pas tout simplement un incorrigible romantique, dissimulant de tendres déclarations sous le rond central de ses CD. Le romantique réclamant toujours un absolu impossible à obtenir, Substances apparaît finalement comme le manifeste d’un DJ sentimental et rêveur refusant farouchement de se laisser corrompre par la réalité.
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