Silencieux depuis trois ans, Jazzie B rattrape sans effort son retard sur la concurrence. Moins snob et plus corrosif Trop occupés à détailler les figures libres de Portishead, Earthling et consorts, on en avait presque oublié Jazzie B. Nul, pourtant, n’oserait disputer au nounours de Soul Il Soul la paternité d’un style et d’une éthique […]
Silencieux depuis trois ans, Jazzie B rattrape sans effort son retard sur la concurrence. Moins snob et plus corrosif
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Trop occupés à détailler les figures libres de Portishead, Earthling et consorts, on en avait presque oublié Jazzie B. Nul, pourtant, n’oserait disputer au nounours de Soul Il Soul la paternité d’un style et d’une éthique dont on mesure pleinement ces temps-ci la portée. Jazzie B avec Nellee Hooper ? posa dès 1989 les balises autour desquelles allait s’articuler le ballet languide de cette première moitié des nineties. Acid-jazz, trip-hop, rap cool, dub, chaque chapelle brûle un cierge à celui qui, faute d’avoir inventé la soul, en a clairement redéfini les espaces et les perspectives. En sommeil depuis trois ans ? le Volume Iv compilait les précédents ? dans un monde qui tolère mal les absences prolongées, on pouvait redouter que la rutilante machine Soul II Soul ne connaisse un remise en branle difficile. Déjà, Just right accusait des ratés inquiétants s’aventurait trop loin sur le terrain glissant des club pas très ragoûtants chers aux shampouineuses d samedi soir. Encore un pas de travers et Jazzic finirait DJ au Macumba de Gujan-Mestras. Plus grave: pendant qu’il allait se remplir les fouilles chez Michael Jackson, on a tellement braconné sur ses terres et vulgarisé son langage que le vétéran risquait de se retrouver sans repère et sans voix. Heureusement, les gorges les plus ambrées et profondes d’Angleterre ont répondu une nouvelle fois à l’appel: Caron Wheeler, Penny Ford ou Melissa Bel sont là, rejointes dans le club très select des Soul II Soul Queens par une inconnue de Coventry, Charlotte Kelley. Musicalement, Jazzie B rattrape son retard sur la concurrence en puisant certains instruments ? cordes, flûtes, sitar et même une guitare électrique sui le formidable instrumental Zion ? dans l’antre explosif du jazz-fut seventies ? How long , des bandes- son noires-américaines ou du disco.
Moins lustré et clinique que les Volumes précédents, Believe voit parfois le fameux beat Soul II Soul baigner s les craquelures et perdre son impeccable et racé déhanchement au profit d’un groove plus dense, plus militant et imprévisible que d’ordinaire. Reste Jazzie B n’est plus le seul à vouloir coller une âme sur le corps instable de la dance et que l’on peut, au banc d’essai des sorciers britanniques, trouver plus riche et singulière la courbe d’évolution des esthètes de Massive.
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