On se demande d’abord comment c’est encore possible. Un album tel que She’s the world, scotché quinze ans en arrière, semblable à un vieux Post-it oublié par des Db s distraits, des Bongos dans la lune, des Shoes étourdis. Une relique, pas même bonne pour la brocante. Qui, franchement, pourrait écouter ça ? Elucubrations de […]
On se demande d’abord comment c’est encore possible. Un album tel que She’s the world, scotché quinze ans en arrière, semblable à un vieux Post-it oublié par des Db s distraits, des Bongos dans la lune, des Shoes étourdis. Une relique, pas même bonne pour la brocante. Qui, franchement, pourrait écouter ça ? Elucubrations de vieux garçons maniaques engoncés dans des costumes aussi étriqués qu’une vie à Indianapolis, cernés par leurs collections de disques et autres souvenirs d’une jeunesse perdue. Les United States Three enregistrent dans le living de leur leader, Vess Ruhtenberg. Mais l’aventure commence au coin du sofa, volets fermés et têtes en ébullition. She’s the world n’est pas la copie carbone d’un rapport en trois exemplaires pour un sous-chef de service. Gorgé de pop-songs en noir et blanc, il explore à huis clos, expérimente en chambre, défriche la moquette. Un monde merveilleux étalé sur trente mètres carrés. Le salon des United States Three, c’est un Abbey Road à échelle humaine confié à trois fonctionnaires sans bouffissures mais pas sans idées : productions ingénieuses, mélodies fonctionnelles, psychédélisme monochrome, la pop des United States Three se sent à l’étroit chez elle, le nez écrasé contre les carreaux. C’est pourtant dans le confinement de sa tanière, dans la pièce de toutes ses frustrations et de toutes ses chimères qu’elle parvient prendre son envol. Elle ne s’est pas toujours cognée au plafond.
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