Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 3 au 10 février.
Meg Stuart est de retour à Paris. En soi, c’est déjà une bonne nouvelle. Plaisir augmenté quand on sait que la pièce qu’elle présente, Hunter, est un solo, le premier dans son parcours chorégraphique, et qu’elle en est l’interprète (du 4 au 7 février au Centre Pompidou). Un solo en forme d’autofiction conçu à partir de ses archives, de sa mémoire, et dans lequel elle utilise divers matériaux : le théâtre, l’écriture, la vidéoprojection et le collage musical de Vincent Malstaf. “Hunter répond à une certaine urgence. C’est aussi espiègle. En faisant des sauts dans le temps, j’explore aussi des mondes possibles et des vies parallèles. Comme si, en retournant dans ce passé, je pouvais le retravailler et le réécrire.”
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On a été patients, on a attendu et la voici, la nouvelle création des Chiens de Navarre : Les Armoires normandes, dans une mise en scène de Jean-Christophe Meurisse (du 3 au 7 février à la Maison des arts de Créteil, avant une belle tournée à Paris et en province). Comme toujours, les acteurs sont à l’origine de l’écriture et travaillent sur un thème donné par Jean-Christophe Meurisse au début des répétitions. En l’occurrence, le thème de départ des Armoires normandes est l’amour…. : “On n’est jamais aussi con que le premier jour du printemps. On palpite, on espère, on tombe ou on devient un cheval fou. Le tout avec les mains moites et un petit bout de salade collé entre les dents. Comme les palmiers sauvages de l’Alaska, l’amour existe.” Clairement !
Une création sous le signe des retrouvailles : Violentes femmes réunit de nouveau l’auteur Christophe Honoré, le metteur en scène Robert Cantarella et le scénographe Philippe Quesne (du 4 au 15 février au Théâtre de Nanterre Amandiers). Une pièce joyeuse sur un sujet grave : y a-t-il une foi qui nécessite le sacrifice d’une vie ou de plusieurs ? Christophe Honoré s’inspire de deux histoires espacées dans le temps, celle d’un tueur canadien qui décide, au nom d’une cause, de tuer des étudiantes et celle d’une petite fille de 12 ans qui voit la vierge accompagnée d’un ange, dans la France d’après l’Occupation par les Allemands, qui va passer sa vie à faire le récit de ce “moment”. Des femmes sacrifiées, aujourd’hui comme hier, interprétées par Pauline Belle, Florence Giorgetti, Johanna Korthals Altes, Pauline Lorillard et Valérie Vivier.
Le Pouvoir des folies théâtrales de Jan Fabre a été créé en 1984 et a été rarement repris depuis lors. C’est une pièce fleuve de plus quatre heures qui se termine par une fessée mémorable. Luk Van den Dries en résume parfaitement les enjeux : “Jan Fabre y déploie les principes du pouvoir. Avec une référence à Foucault, il dresse le portrait de la systématique de la discipline. La résistance physique des acteurs est constamment poussée dans ses dernières limites. L’uniformité des mouvements et des habits s’empare du moindre signe d’individualité. Ordre et soumission régissent les actes sur scène. Mais à travers cette violence, ou grâce à elle, le pouvoir d’un nouveau théâtre contemporain émerge.” C’est au Théâtre de Gennevilliers du 6 au 12 février.
Souvenez-vous de moi, l’enfant de demain est le titre du livre de Serge Amisi, auteur et acteur congolais, pour raconter son enfance massacrée durant des années de guerre en tant qu’enfant soldat. On le retrouve sur le plateau dans L’Enfant de demain, mis en scène par Arnaud Churin, aux côtés de Mathieu Genet (du 9 au 14 février à l’Echangeur de Bagnolet). Un spectacle qui prend aux tripes, magnifique, bouleversant et joyeux, qui rend justice au parcours inouï de Serge Amisi, qui a retrouvé sens à la vie en choisissant l’art. Arnaud Churin : “C’est une langue extraordinairement inventive qui permet au narrateur de quitter le monde des fantômes pour retrouver sa place parmi les vivants. Son livre, que nous avons adapté, raconte comment malgré cette maltraitance, il a trouvé l’Autre et sa part d’humanité. Mathieu Genet joue le narrateur tandis que Serge Amisi se tient à ses côtés pour façonner son personnage et diriger le héros vers sa libération. Notre théâtre déploie cette histoire d’enfance dans la guerre, récit édifiant d’un destin défiguré.”
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