Au début des années 80, Mona Soyoc et Spatsz inventaient un nouveau rock français. Enfin réédité. Le rock, dans son acception hexagonale, était jusque-là une affaire de garçons. Entre les néanderthaliens (Trust) et les écorchés (Marquis de Sade, Taxi Girl), nulle place pour y glisser un jupon. On avait bien Edith Nylon, mais la chanteuse […]
Au début des années 80, Mona Soyoc et Spatsz inventaient un nouveau rock français. Enfin réédité.
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Le rock, dans son acception hexagonale, était jusque-là une affaire de garçons. Entre les néanderthaliens (Trust) et les écorchés (Marquis de Sade, Taxi Girl), nulle place pour y glisser un jupon. On avait bien Edith Nylon, mais la chanteuse ressemblait à ma grand-mère. Le rock en France était aussi une histoire de guitares, de batterie et de basse. Le rock devait se chanter en français et exprimer de vrais problèmes (« Antisocial, tu perds ton slip »). Du coup, il ne franchirait jamais les frontières, sous peine de ridicule. Alors vint Mona Soyoc, jeune Américaine d’origine argentine et expatriée vers Nancy où sa rencontre avec Spatsz, un infirmier psychiatrique, fut comme celle d’une braise et d’un iceberg. Lui, Nosferatu impassible derrière ses synthés ; elle, féline en perpétuel déploiement, une voix sur quatre octaves héritée de ses premières amours pour le jazz. Suicide et Peggy Lee réunis sous un même toit. Une paire de singles autoproduits puis un album, Try out, enregistré sans moyens en 82 suffirent à bouleverser l’ordre établi : la cold-wave inanimée pouvait avoir une âme ; les synthés pouvaient feindre l’ultraviolence du punk ; les filles pouvaient chanter du rock. On peut bien avouer maintenant combien nos libidos adolescentes furent malmenées par les miaulements humides de Pussy X ! Combien de cauchemars nous devons à ces bpm guerriers et à ces séquences monochromes, blafardes, exténuées… By pass, le second album produit à New York, sortira en 83 et laissera plus de place aux guitares cradingues et légèrement moins aux épanchements torrides de Mona. Ego eye passera inaperçu en 86. On avait changé d’ère. Silencieux depuis, Mona Soyoc et Spatsz affirment, séparément, qu’une nouvelle fusion n’est pas exclue : « On n’a jamais dissous le groupe, nous en avons simplement suspendu l’activité. Chacun a ses projets (lui écrit des musiques de films et collabore à l’album de Laurent Petitgand, par ailleurs auteur de BO pour Wenders ; elle a pris le temps d’élever ses enfants et prépare actuellement un mystérieux retour) mais il nous reste une trentaine de titres en maquettes qui aboutiront peut-être un jour. » « Never come back », chantait pourtant Kas Product.
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