On regrette franchement Paul Heaton, ses mots et sa voix, dans cet album gluant dont il est trop souvent absent. Au premier coup d’oeil, aucune raison de s’attarder sur le nouvel album de Beautiful South. Couronné par le triomphe obscène de la compilation Carry on up the charts plus de deux millions d’exemplaires fourgués […]
On regrette franchement Paul Heaton, ses mots et sa voix, dans cet album gluant dont il est trop souvent absent.
Au premier coup d’oeil, aucune raison de s’attarder sur le nouvel album de Beautiful South. Couronné par le triomphe obscène de la compilation Carry on up the charts plus de deux millions d’exemplaires fourgués en Angleterre, un foyer britannique sur sept accroc à cette vieille pop gluante qui plaît aux grands-mères comme aux petites filles , ce groupe un temps attachant (1989) aura plus souvent ressemblé à Wet Wet Wet et Fleetwood Mac qu’à notre idée du bon goût. On n’a pourtant jamais réussi à se fâcher complètement avec Paul Heaton, personnage complexe aux commandes de la vilaine machine à tubes. Même lorsque son Beau Sud s’engluait dans la gadoue fétide de 0898 et Miaow sérieux candidats au titre de plus mauvais album des années 90 , Heaton trouvait le moyen de survoler, solidement accroché à deux atouts souverains : sa voix, unique et bouleversante, et ses textes, terriblement sarcastiques, souvent méchants, toujours brillants. Blue is the colour, cinquième album studio d’un groupe qui n’aura pas rechigné sur la quantité à défaut de verser dans la qualité, propose un condensé assez comique de l’histoire de ses membres. Au programme : faux-semblants et dissonances. Au premier plan, la paire Dave Hemingway/Jacqui Abbott vocalise sottement sur des mélodies fortement complexées l’instrumentation a définitivement quitté le rivage anglais pour aller se figer dans un goudron californien sans âme ni personnalité pendant que Paul Heaton, trois bons mètres en retrait, se contente d’apparaître épisodiquement, débarquant comme le sauveur en mêlant chichement sa voix à l’effort collectif. A croire que le chanteur récalcitrant s’amuse énormément de ces absences orchestrées, de ces disparités saugrenues, de ces ruptures imposées. A croire qu’il prend désormais davantage de plaisir à ne pas chanter, laissant le duo Hemingway/Abbott saloper ses remarquables trouvailles lexicales sommet du genre, le texte de l’introductif Don’t marry her , qu’à s’engager derrière ses textes. Bêtement absent des disques de Beautiful South, Paul Heaton n’est guère plus aujourd’hui que le poète inutile d’un groupe qui ne le mérite pas. Le plus troublant étant que cette incorrigible feignasse accepte un tel nivellement par le bas sans jamais envisager le somptueux disque solo dont on le sait capable.
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