Le troisième album des Californiens d’Idaho met les voiles et prend le large : jamais gris n’avait été si somptueux. Il est sans doute plein de bonnes intentions, le distributeur français des disques d’Idaho, lorsqu’il appose sur le boîtier plastique de leur dernier album un autocollant situant le groupe américain dans la famille d’âme de […]
Le troisième album des Californiens d’Idaho met les voiles et prend le large : jamais gris n’avait été si somptueux.
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Il est sans doute plein de bonnes intentions, le distributeur français des disques d’Idaho, lorsqu’il appose sur le boîtier plastique de leur dernier album un autocollant situant le groupe américain dans la famille d’âme de Swell, American Music Club et Red House Painters. Sur le papier, rien à redire : tous ces gens se nourrissent en effet à la même source. Pourtant, depuis quelque temps déjà, on devine chez Idaho une envie tenace de s’extraire de cette réalité figée, de dépasser sa nature originale. « Groupe d’Amérique flirtant de plus en plus avec Brian Eno et de moins en moins avec Swell et consorts » n’aurait pas été complètement idiot sur l’autocollant promotionnel. Il y a en effet sur Three sheets to the wind Trois draps dans le vent, rarement titre aura si bien parlé du disque qu’il abrite tous les éléments nécessaires pour croire que Jeff Martin veut faire voir du pays à son Idaho immobile. Et lorsqu’un superbe A Sound awake renvoie un écho évident aux ballades poignantes d’American Music Club, c’est en mêlant à cette influence flagrante le souffle discret d’une inspiration qui n’est fâchée avec personne pas plus avec le jazz qu’avec le blues. Plus électrique que Year after year et This way out (les deux premiers albums d’Idaho), plus vaste, plus voyageur, Three sheets to the wind brille d’une cohésion acquise avec le temps, d’un jeu d’équipe autorisant enfin à toutes les aventures. Enfin libre, la voix formidable de Martin sidère par sa gravité ensorcelante et provoque derrière elle quelques belles collisions instrumentales. Avec Catapult ou Pomegranate bleeding, il paraît loin le temps où Idaho s’écoutait trop jouer, envoûté par ses propres ondoiements. Sur son troisième album, il atteint un niveau de maîtrise fulgurant, tant dans l’écriture toujours aussi sauvage et racée que dans l’exécution magistrale. Et même si cela peut paraître accessoire, il devient impossible de ne pas parler du son phénoménal de Three sheets to the wind, chef-d’œuvre d’architecture, de textures et de colorations.
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