Camden, ville fantôme. Sorti de sa tanière londonienne par le retour en grâce de Madness, Suggs se noie dans un reggae pas gai. L’indéfectible capital de sympathie dont bénéficie le revival ska des années 79-80 principalement auprès de la génération Blur, qu’il a nourrie au sein ne doit pas pour autant autoriser ses […]
Camden, ville fantôme. Sorti de sa tanière londonienne par le retour en grâce de Madness, Suggs se noie dans un reggae pas gai.
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L’indéfectible capital de sympathie dont bénéficie le revival ska des années 79-80 principalement auprès de la génération Blur, qu’il a nourrie au sein ne doit pas pour autant autoriser ses vétérans à pratiquer n’importe quel commerce. On attendait de Graham « Suggs » McPherson une visite au moins aussi honorable que celle rendue récemment par Terry Hall. Mais déjà Madstock, le foireux come-back live de Madness il y a trois ans qui ne comptait pour seul inédit qu’une reprise paresseuse de The Harder they come parvenait mal à masquer les carences créatrices de nos anciens amuseurs favoris. Avec sa version reggae-light du I’m only sleeping des Beatles, Suggs respire de nouveau ces jours-ci l’air des sommets des charts anglais dont il fut longtemps privé. Tant mieux pour lui. Ensuite, n’en doutons pas, il enchaînera avec l’affreux Cecilia emprunté à Simon & Garfunkel, ou encore le triste Alcohol, qui distille en douce le gimmick frelaté de Tequila. Lorsque l’esprit karaoké gagne ainsi l’une des plus belles âmes britanniques comme s’il s’agissait du vulgaire cerveau de perroquet d’un Pascal Brunner, on en vient presque à regretter que Suggs ait finalement décidé d’interrompre une nouvelle fois sa retraite. Car les autres chansons de The Lone ranger, à d’infimes exceptions près The Tune ou Camden Town, qui chez Madness n’auraient pourtant eu droit qu’à des faces B , ne font qu’amplifier nos regrets. On pourrait à la rigueur passer outre certains arrangements, admettre que les saveurs jamaïcaines résistent à la lyophilisation et aux agents conservateurs, si la matière première elle-même n’était à ce point dépourvue de cellules et de chromosomes. Ni la collaboration à l’écriture du fidèle Michael Barson ni la présence de Sly & Robbie à la production ne parviennent à réanimer cette chair sans pores et sans éclat, aussi humaine et accueillante que le hall d’une clinique. Et d’ailleurs cliniquement morte.
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