Dans « Hippocrate aux enfers », le chroniqueur médical accuse l’université de Strasbourg de posséder des restes de victimes juives du nazisme. L’université nie en bloc et évoque des « rumeurs ».
Il y a huit ans, Michel Cymes s’était rendu en Pologne, sur les traces de ses grands-pères, déportés à Auschwitz. Aujourd’hui, il s’intéresse à quatre-vingt-six victimes juives dont le médecin nazi August Hirt aurait conservé des coupes anatomique à l’institut d’anatomie de Strasbourg où il officiait sous l’Occupation.
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Dans son ouvrage Hippocrate aux enfers, Michel Cymes s’appuie sur les propos d’un médecin strasbourgeois, le psychiatre Georges Federmann, président du cercle Menachem Taffel, qui œuvre pour la mémoire des quatre-vingt-six victimes juives déportées à Auschwitz, puis gazées au camp alsacien du Natzwiller-Struthof. Répondant aux questions de Cymes sur l’existence de ces restes, le docteur Federmann aurait évoqué un creux axillaire, une main et la coupe transversale d’une tête conservés dans des bocaux.
Le problème est que le psychiatre, qui n’est pas cité expressément dans le livre, estime avoir été « trahi » par l’auteur dans la retranscription de ses propos. « Là où Cymes m’a trahi, c’est qu’il laisse entendre qu’il resterait des restes des 86″, a t-il affirmé lors d’une conférence de presse mercredi au côté du président de l’université, Alain Beretz.
Dans un communiqué mis en ligne, l’université ajoute que les corps ont quitté l’institut en septembre 1945. Selon elle, les restes découverts en décembre 1944 ont été « enterrés au cimetière juif de Cronenbourg, à l’endroit où fut apposée il y a quelques années la stèle qui porte le nom des quatre-vingt-six victimes. Depuis septembre 1945, il n’y a donc plus aucune de ces parties de corps à l’institut d’anatomie et à l’université de Strasbourg ».
Pour Alain Beretz, président de l’université de Strasbourg, asséner qu’il pourrait y avoir encore des restes de victimes juives à l’Université ou à l’institut, comme l’affirme Michel Cymes, est une hérésie. « C’est faux depuis 1945! », affirme t-il, qualifiant de « rumeurs » ces faits « avancés sans preuve » par le docteur médiatique de France 5.
En guise de réponse, Michel Cymes s’est pour l’instant fendu d’un courrier au docteur Federmann dans lequel il déclare : « Au lieu de m’accuser de déformer l’histoire, il serait plus judicieux de se battre contre ceux qui essaient de l’étouffer […] Mon livre fait plus pour le devoir de mémoire que des dizaines d’autres passés inaperçus ». Il entend aussi profiter de l’occasion de la présentation de son livre à la librairie Keller, à Strasbourg aujourd’hui pour défendre son ouvrage.
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