Depuis Child’s adventure en 83, Marianne Faithfull s’est scrupuleusement attachée à respecter un silence de vieille pythie des sixties, consciente de la portée relative que pouvaient désormais revêtir ses oracles. Elle en rompit toutefois le sceau à deux reprises : Strange weather en 87, album de reprises vieux truc auquel on a usuellement recours […]
Depuis Child’s adventure en 83, Marianne Faithfull s’est scrupuleusement attachée à respecter un silence de vieille pythie des sixties, consciente de la portée relative que pouvaient désormais revêtir ses oracles. Elle en rompit toutefois le sceau à deux reprises : Strange weather en 87, album de reprises vieux truc auquel on a usuellement recours lorsque la sécheresse sévit chez les muses , et Blazing away en 90, l’album live qui correspondait au bouleversant concert donné à la Cigale. Marianne Pleine de Foi noble et sublime catin décatie dont le dernier soupir pesait ce soir-là plus d’un Je ne regrette rien faisait offrande de sa vie. Sa vie, torrent romanesque et scandaleux qui avait irrigué jusqu’alors ses chansons et fait de Broken english une écume d’impudeurs assumées, de dignité arrogante, ne pouvait plus à la fois abreuver ses nouvelles compositions et imprégner les pages de son autobiographie rédigée en parallèle à la conception de cet album. Au coeur de la richesse et de la libération, toujours la même question : que fait-on après l’orgie ? que faire quand tout a été exploré et révélé : sexe, dope, suicide, enfants, mariage, divorce… Les musiques d’Angelo Badalamenti, répondent en partie : vaporeuses, elles dressent autour de la voix scarifiée un décor spectral. Derrière les carreaux de son manoir irlandais, elle peut regarder passer ses vieilles tentations, le cortège des amants pétrifiés dans le souvenir, les bonheurs d’autrefois, les peines aînées. A Secret life, c’est ce qui reste au fond de la cruche, le dépôt de nostalgie, la lie d’amertume quand tout a été éclusé. « Lasse des rêves », annonce Marianne. Moins charnelle et plus spirituelle, elle pourchasse ses fantômes comme une ménagère le ferait : à coups de balai. A défaut de s’avouer totalement ravis du résultat, ceux qui l’aiment lui accorderont au moins le bénéfice de la sérénité enfin trouvée.
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