Des Gallois bosseurs et décomplexés font du neuf en fouinant dans l’héritage rock anglais : bonne pioche. Un groupe remerciant Stavros le hamster sur le livret de son premier album ne peut pas être foncièrement mauvais. Surtout quand le disque en question débute sur une bombe rock d’une minute et quarante-sept secondes, l’une de ces […]
Des Gallois bosseurs et décomplexés font du neuf en fouinant dans l’héritage rock anglais : bonne pioche.
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Un groupe remerciant Stavros le hamster sur le livret de son premier album ne peut pas être foncièrement mauvais. Surtout quand le disque en question débute sur une bombe rock d’une minute et quarante-sept secondes, l’une de ces fulgurances réservées à ceux qui ont longtemps attendu leur heure, puis déroule paisiblement onze mélodies impeccables pour autant de chansons présentées. Elevés à la bière et à la frustration dans leur petite ville du pays de Galles, Gruff Rhys et ses amis ont dû rêver longtemps de leur album idéal, montage habile mais sans prétention, compilant les plus riches éléments de l’héritage musical britannique : soit le feu intérieur de T. Rex ou Bowie, la jubilation un peu nunuche des Dexy’s Midnight Runners, l’inégalable vitalité des Buzzcocks et la grâce mélodique des Kinks, de Magazine ou d’Elvis Costello ou bien encore, par effet de transmission, de Blur. Voilà pour le chapitre des influences, toutes références digérées ici avec une sagesse enviable et un sens de la synthèse qui semblerait indiquer que ce Fuzzy logic a vieilli en fûts de chêne, loin d’être l’effort opportuniste que certains ont cru déceler. En matière de mise en forme, les Gallois ne manquent pas non plus d’imagination : des trompettes, des flûtes, un piano déchaîné que l’on croirait parfois malmené par le maître Dr John et bien sûr toute une collection de guitares aux pedigrees divers s’enchevêtrent dans un formidable semblant de foutoir, une illusion d’anarchie qui cache en vérité une science affirmée de l’arrangement et une masse de travail que l’on sait conséquente.
Et si l’on peut imaginer que le deuxième album de Super Furry Animals sera difficile à écrire on n’accouche pas de chansons comme Hometown unicorn et Bad behaviour tous les jours , on traverse ce disque bête comme chou comme on va à la pêche, sans grande illusion sur les résultats de l’entreprise mais en étant assuré de passer un moment simple et serein. Absorbé par les albums tristes que nous adresse régulièrement l’Amérique de Mark Eitzel, on avait presque oublié comme il pouvait être jouissif de croiser un groupe de rock à ce point obsédé par l’accomplissement de sa mission première : être drôle, brutal et un peu con.
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