Le « 12/13 » a raté le coche. Le jour des attaques contre Charlie Hebdo, le journal n’avait pas pris la peine de modifier son format pour coller au plus près de l’actualité. Un manque de réactivité durement sanctionné par les dirigeants de France 3.
La direction de l’information de France Télévisions veut faire tomber des têtes. Ce mercredi, elle a annoncé le remplacement de Régis Poullain à la rédaction en chef du JT de midi de France 3. Le 7 janvier dernier, le journal avait quasiment passé sous silence le massacre de Charlie Hebdo, entre deux reportages sur les soldes et les baignades du Nouvel An. Dans le même temps, l’ensemble des chaînes d’info était en première ligne pour couvrir la fusillade, et, dès 13 h, les équipes de France 2 y consacraient une édition spéciale. Une « erreur d’évaluation » impardonnable, qui coûte aujourd’hui son poste à ce coupable tout désigné. L’actuel rédacteur en chef adjoint du 19/20, Philippe Peaster, devrait désormais prendre les rênes de l’édition du déjeuner.
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Des syndicats en colère
Chez les syndicats, le moral est loin d’être au beau fixe. Dénonçant un « crash éditorial », le SNJ (Syndicat national des journalistes) et le SNJ-CGT de France Télévisions ont déposé un préavis de grève pour lundi afin que la lumière soit faite sur les causes de cette faute professionnelle. Selon eux, les informations recueillies par les reporters présents sur le terrain « auraient permis de modifier le conducteur et de dérouler le journal à la hauteur de l’événement », si les responsables avaient jugé utile de les examiner de plus près. Une négligence qui, à leurs yeux, rend ce silence d’autant plus « incompréhensible, hallucinant, honteux ». Les résultats de l’« enquête » menée en « interne » devraient permettre d’y voir plus clair dans les prochains jours.
« Les téléspectateurs restent exigeants »
La chaîne a rapidement réagi face au mécontentement affiché du grand public, indigné par ce traitement de l’info inadapté aux circonstances. « Tout au fond, à droite, une petite télé fait de la résistance », ironise un premier internaute, visiblement en rogne. Choqué que « le présentateur [Samuel Étienne, ndlr] ne se départi[sse] pas de son sourire » à l’heure où la nation apparaît tétanisée par l’horreur, un autre n’a pas de mots assez durs envers la direction, qu’il accuse d’être « incapable de réagir à chaud ».
« Comment pouvez-vous avoir relégué au second plan dans votre journal une information aussi dramatique et importante ? », s’interroge, dépité, un troisième intervenant.
« Cela montre au moins que les téléspectateurs restent exigeants à notre égard », conclut lucidement Marie-Laure Augry, médiatrice des rédactions de France 3.
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