Le grand mashup des superhéros Netflix se perd en conjectures dans la première moitié de sa saison. Pas de quoi interrompre ses vacances.
Depuis quelques années, Hollywood, en mal d’idées – et en quête perpétuelle de contenus à dupliquer –, a décidé que les superhéros deviendraient une tendance sérielle majeure, après les années 2000 d’où avait surnagé Heroes et sa première saison mémorable. Toute à son désir de marcher sur les plates-bandes du cinéma, Netflix a (évidemment) décidé d’occuper le terrain, signant un deal costaud avec la machine à cashet à mythologies nommée Marvel.
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Depuis, le géant du streaming a inondé nos ordis avec, en rafale, Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist, séries extrêmement inégales qui ont d’abord eu le mérite de prouver que la proximité thématique et économique n’augure en rien de réussites esthétiques comparables. On aimait un peu le justicier aveugle Daredevil, beaucoup le redresseur de torts de Harlem Luke Cage, passionnément la détective torturée Jessica Jones(dont la saison 2 arrive dans quelques mois, ouf) et pas du tout Iron Fist, le cancre bastonneur de la bande.
Une impression de déjà-vu
Avant même que l’une et les autres n’aient pris forme pour de bon, un des patrons de Netflix a eu l’idée très originale d’associer ces quatre garçons et fille qui ne l’avaient apparemment jamais été très longtemps – même si plusieurs se sont croisés dans les comics, Jessica Jones et Luke Cage finissant même par se marier et avoir des enfants. The Defenders était donc prévue depuis plusieurs années, sans qu’aucune véritable direction narrative n’ait été imaginée au préalable, juste l’assemblage a priori de ces personnages appartenant à un univers globalement cohérent.
Que l’on s’entende bien : les séries, même les meilleures, ont souvent regardé vivre une communauté plus ou moins artificielle partageant un travail (Urgences) ou une géographie (Friday Night Lights), l’essentiel de l’ouvrage fictionnel consistant à créer des liens parfois inoubliables. Le problème avec The Defenders n’est donc pas le fait qu’elle repose sur des bases mercantiles sans cœur, mais plutôt qu’elle ressemble dès ses premiers épisodes (nous avons pu en voir quatre avant la mise en ligne de l’intégralité des huit constituant la première saison) à une vague resucée de formules déjà largement éprouvées.
Jessica Jones so badass
Les quatre superhéros sont ici confrontés à une organisation maléfique (qui l’eut cru ?) déjà vue dans Daredevil, la Main, dirigée par l’historique Sigourney Weaver, qui a tout de même du mal à se défaire d’un personnage de méchante monolithique et fade. Mais ce n’est pas tout. Il faut un temps fou – restons poli – pour que leur alliance prenne forme, sans que l’on ne parvienne tout à fait à se départir de l’idée que les comédiens – Krysten Ritter, Charlie Cox, Mike Colter et Finn Jones – sont d’abord là devant nous parce qu’on les y a forcés par contrat.
Leurs mimiques un peu tièdes les réduisent souvent à des caricatures d’eux-mêmes, même si Jessica Jones, devenue une machine à punchlines badass et vaguement humiliantes, reste un plaisir à regarder évoluer. Pour le reste, il se pourrait bien que certains, comme nous, oublient en cours de scène de quoi il était question quelques dialogues plus tôt, tant les enchevêtrements de bavardages sentencieux se bardent d’un ennui que les quelques scènes d’action brutales peinent à épicer.
Il se pourrait que The Defenders, dont les thématiques adultes sur la perte, le deuil et la violence conservent un potentiel, devienne intéressante après des heures et des heures de blabla. Ce sera probablement sans nous. A l’ère des séries trop nombreuses et des choix drastiques à effectuer, notre patience de spectateur a ses limites.
The Defenders à partir du 18 août sur Netflix
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