Auteurs de séries, journalistes, animateurs radio, humoristes : le choix des Inrocks.
Fanny Herrero, 40 ans, scénariste
Elle a voulu être journaliste, éditrice, comédienne. Fanny Herrero a finalement trouvé son bonheur dans le métier de scénariste. Après avoir travaillé sur Les Bleus (M6) et Kaboul Kitchen (Canal+), elle bosse depuis deux ans sur la série événement de France 2, 10 %, réalisée par Cédric Klapisch. Elle a endossé le rôle de directrice de collection, sorte de “chef” d’une équipe de scénaristes qui ne tarissent pas d’éloges sur elle. “Elle a un excellent état d’esprit, elle a vraiment envie de former des auteurs”, souligne l’une d’entre eux. Fanny Herrero fait partie de cette nouvelle vague de scénaristes français qui ont envie de s’investir à tous les niveaux de la création d’une série et d’assurer la continuité entre écriture, production et réalisation. “Nous les auteurs, nous sommes les seuls de toute la machine qui connaissons parfaitement les personnages et les histoires”, affirme-t-elle. MT
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Nora Hamzawi, 30 ans, humoriste et chroniqueuse
Avec sa queue de cheval ébouriffée et ses larges lunettes, Nora Hamzawi a la parfaite allure de la girl next door. C’est justement son quotidien, fait de petites névroses et de grandes angoisses, que cette Parisienne d’origine syrienne déballe avec un débit mitraillette au phrasé moulé dans internet. Propulsée par une chronique sur France Inter, cette spécialiste de l’autodérision, à laquelle on s’identifie en deux punchlines, sévit désormais au Grand Journal, à Grazia et dans un one-woman show mordant. “Je joue la pire version de moi-même”, lâche-t-elle avant de citer Larry David et sa série culte Curb Your Enthusiasm comme source d’inspiration. “Quand les gens ont l’air d’avoir une instabilité profonde, ça me parle toujours.” CB
Yassine Belattar, 33 ans, humoriste
L’homme qui a réveillé toute une génération avec son célèbre “Carte d’identité, carte de séjour, bonjour !” opère depuis quelques mois un fat come-back avec son one-man show Ingérable ! en tournée dans les villes FN. Un bon titre pour cet animateur et humoriste impertinent et engagé qui, tandis que tous marchent sur des œufs, n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat en s’attaquant à tous les clichés dans lesquels est empêtrée la société française. DL
Eva Bester, 30 ans, animatrice radio
Sa voix résonne sur France Inter chaque dimanche dans Remède à la mélancolie.Pour nous sortir de l’abattement, les soins qu’elle prodigue avec douceur et appétit sont ceux de ses invités guidés dans les affres de leurs affects. Eva Bester conduit ses auditeurs sur les chemins de la seule liberté qui vaille : celle de lire, écouter, voir, manger… Une ode radiophonique aux plaisirs des sens qui reconfigure la mélancolie en “mélancoolie”. JMD
François Descraques, 30 ans, auteur-réalisateur
En 2009, quand il lance sa websérie avec un groupe de potes et peu de moyens, personne ne s’imagine qu’il deviendra six ans plus tard une référence dans le paysage des séries françaises. Avec Le Visiteur du futur (4 saisons, 100 000 vues par épisode), la carrière d’auteur-réalisateur de François Descraques s’est envolée. A tout juste 30 ans, il multiplie les projets comme Dead Landes pour France 4 (“une série fantastique, étrange”, décrit-il) mais aussi un roman, La Meute, sorti le 19 juin, sorte de suite du Visiteur. MT
Sarah Constantin, 29 ans, militante, journaliste
Cette Femen de 29 ans se met seins nus depuis trois ans afin d’“exposer un corps de femme guerrier, conquérant, politique”. Le 1er mai, elle se faisait remarquer en interrompant le discours de Marine Le Pen à Paris. Outre ce militantisme, elle est aussi journaliste et réalise des reportages engagés pour Grazia et France 4. Refusant l’immobilisme, elle a joué la muse de son grand ami Luz pour l’exposition de BD érotiques Kinkiness, cosigné avec lui la BD Toutes les filles se transforment en Gremlins après minuit, et chante au sein du trio electro-pop Collateral. CB
Augustin Trapenard, 36 ans, animateur radio, chroniqueur télé
Animateur de Boomerang le matin sur France Inter et chroniqueur dans Le Grand Journal de Canal+, il défend la parole des artistes au cœur des médias de masse. Un passeur culturel qui concilie exigence critique et esprit pop.
Tu reçois chaque matin à une heure de grande écoute des artistes aussi rares que la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker. Ressens-tu cette liberté comme un privilège, à l’heure où les médias sont obsédés par le mainstream et les audiences ?
Une tranche est toujours tributaire de son audience. On n’est jamais propriétaire d’une tranche. Le principe de ce métier, c’est que cela peut s’arrêter du jour au lendemain. France Inter me renouvelle sa confiance pour la prochaine saison et me laisse entièrement libre dans ma programmation. Ce que je défends, c’est le défi d’entendre une autre parole, quelque chose d’étrange et d’étranger : un vent frais, un pas de côté. D’ailleurs, les auditeurs préfèrent souvent une interview comme celle d’Anne Teresa De Keersmaeker, un peu ardue, technique, aride, mais pleine de sens, à un entretien avec des personnalités plus populaires.
Te considères-tu comme la figure audiovisuelle des années à venir, comme une sorte de prolongement de Jacques Chancel, José Artur ou Pierre Bouteiller ?
J’ai envie de continuer le plus longtemps possible. Je ne me suis jamais autant épanoui que cette année. Boomerang reçoit une belle adhésion. Ce que j’aime chez les artistes, c’est leur parole libre, insolente. Je me méfie toujours d’un artiste qui parle trop bien ; une parole tellement verrouillée qu’elle se vide toute seule.
Comment imagines-tu l’avenir des émissions culturelles dans les médias ?
Je vois la radio comme un lieu de résistance ; il y aura toujours, et la grève de cette année en a d’ailleurs témoigné, une fervente défense des contenus. La culture ne peut qu’y trouver refuge, plus que jamais. Pour ce qui est de la télévision, je remarque que certaines chaînes privées font encore le pari de la culture… C’est un parti pris, un pari et un défi que Canal+ s’est toujours attaché à relever avec un sens aigu de la liberté. propos recueillis par JMD
Marie Richeux, 30 ans, animatrice
Avec Les Nouvelles Vagues, Marie Richeux construit, sur les ondes de France Culture, un espace de réflexion ouvert et stimulant. Elle questionne de sa voix calme et assurée le monde qui vient.
A l’avenir, selon vous, quelle place prendra la radio dans ce monde où règnent les écrans ?
La force de la radio, c’est de pouvoir être associée à l’écran (téléphone, ordi…) et de pouvoir radicalement s’en émanciper. Mais c’est avant tout du son, il faut avoir confiance, ça continuera de se propager partout.
Vous avez fait partie du collectif de producteurs qui a produit l’émission Vive la radio pendant la grève à Radio France. Comment envisagez-vous l’avenir de la radio de service public ?
Cela pose les mêmes questions que pour nombre d’autres services publics. Que fait-on entendre, dans quelle temporalité ? Tout cela relève du politique, c’est-à-dire de nous tous. Je travaille à Radio France depuis dix ans, ce bâtiment rond abrite un savoir-faire et une force de travail très importante. Il faut d’une part la reconnaître, d’autre part la valoriser, enfin la répartir au mieux pour être au-devant de toutes les évolutions. Ce conflit a souligné un manque de parole à tous les échelons, haut-bas, bas-haut. En escamotant la parole, on pense maintenir stables les zones de puissance. Se parler, c’est ouvrir la porte à la complexité, ce dont on s’embarrasse trop peu souvent. “Faire avec” l’autre, c’est plus long et plus fatiguant parfois, mais, souvent, c’est plus constructif.
A quoi ou à qui aimeriez-vous que les voix du XXIe siècle ressemblent ?
J’aimerais surtout qu’on continue d’élargir le cercle de ceux qui ont “voix au chapitre”. propos recueillis par DL
Mehdi et Badrou, 22 et 23 ans, journalistes
Les jeunes journalistes du Bondy Blog, plus connus sous le sobriquet de “Kids” depuis six ans que leurs balades radiophoniques engagées accompagnent Pascale Clark, s’attachent à rester des électrons libres et à briser les lignes. Mehdi (ci-dessous, à droite) et Badrou viennent de réaliser Quand il a fallu partir, diffusé à la rentrée sur Arte, leur premier documentaire sur la démolition de la barre Balzac de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Leur premier roman, Burn out (Seuil, 17 septembre), relate l’immolation de Djamal Chaar dans un centre Pôle emploi en 2013. AL
Julia Tissier, 30 ans, cofondatrice de Cheek Magazine
Julia Tissier a décidé d’écrire sur et pour la génération Y. En 2013, lasse des marronniers de la presse féminine, cette trentenaire lance Cheek Magazine, “un pure player féminin, féministe et impertinent” à destination des moins de 30 ans hyper connectés, avec deux collègues de chez Be, Faustine Kopiejwski et Myriam Levain. C’est avec cette dernière qu’elle a écrit La Génération Y par elle-même et Y comme Romy, dans lesquels elle analyse les mœurs et coutumes des jeunes gens postmodernes. CB
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