Ce quartette façonne une musique enfin libérée des références qui pèsent habituellement sur le jazz. C’est le 13 décembre 1990 à Berlin, au lendemain de la chute du Mur, que se forme Baka Mutz (de l’indo-européen «je m étonne beaucoup »), quartette européen qui réunit un Français, le tromboniste Thierry Madiot, deux Allemands, le saxophoniste […]
Ce quartette façonne une musique enfin libérée des références qui pèsent habituellement sur le jazz.
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C’est le 13 décembre 1990 à Berlin, au lendemain de la chute du Mur, que se forme Baka Mutz (de l’indo-européen «je m étonne beaucoup »), quartette européen qui réunit un Français, le tromboniste Thierry Madiot, deux Allemands, le saxophoniste Théo Nabicht et le guitariste BertWrede, et un Italien, le percussionniste Mauro Gnecchi. Comme de nombreux jeunes musiciens qui jouent souvent au bien-nommé club de Montreuil, les Instants Chavirés, Thierry Madiot et ses acolytes sont issus de cette génération spontanée, oreilles grandes ouvertes sur les multiples mondes sonores peuplant l’univers musical (du jazz classique à la musique contemporaine, en passant par le rocket les musiques-dites traditionnelles), qui s’est très tôt départie de l’emprise (parfois traumatique) des figures historiques (John Coltrane, Miles Davis, Ornette Coleman, etc.). Cette nouvelle vague du jazz français (Yves Robert, Noël Akchoté, Hélène Labarrière, François Raulin, Steve Arguelles, Kartet, Zig Rag Orchestra) surfe sur le label le plus audacieux du moment, ZZ, dont les partis pris et lès initiales ont fait croire à certains en l’annoncé de la fin du (mot) jazz.
Si le groupe Baka Mütza pour dénominateur commun d’être enraciné, dans la musique improvisée européenne, il (se) joue de différents langages (rock, jazz, valse, techniques contemporaines), façonnant ainsi une musique libre et libérée des nombreuses références qui pèsent trop souvent sur le jazz et les musiques improvisées actuelles. Ces quatre-là sont bons et beaux joueurs. Cela fourmille d’idées : l’instrumentation inhabituelle (trombone, saxophone, guitare, percussions) suscite des alliages sonores inattendus, et l’interaction, un jeu d’ensemble d’une belle intensité dramatique qui laisse libre court à tous les possibles. De leur conversation d’où se dégage plaisir de jouer, voire jubilation, naît une musique dont l’extrême rigueur et l’intelligence déterminent la lisibilité, l’amplitude, l’homogénéité et l’esprit d’ouverture. C’est rafraîchissant, nécessaire et salutaire comme un pied de nez à la grisaille du moment.
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