Producteurs, directeurs de labels, de festivals ou de sites web : le choix des Inrocks.
Steven Hearn, 43 ans, président de Scintillo
Avec Scintillo, une holding d’ingénierie culturelle créée en 2010, cet éternel enthousiaste investit dans de multiples projets : magazines (Tsugi, Reggae Vibes), salles de cinéma (Saint-André des Arts à Paris, Galeries à Bruxelles) ou de concerts (Trabendo, Gaîté Lyrique). Après avoir fait ses premières armes au sein d’Art Public Contemporain, il fonde, en 2000, Le Troisième Pôle, une société d’ingénierie culturelle depuis rattachée à Scintillo, et se charge de l’organisation de la Nuit blanche 2008, de la gestion du Centre Pompidou mobile et de la délégation de service public de la Gaîté Lyrique. C’est dans l’optique de “replacer les entrepreneurs culturels au cœur de la grande famille des acteurs de la culture” qu’il remettait en 2014 son rapport sur le développement de l’entrepreneuriat dans le secteur culturel au ministère de la Culture. Insatiable, d’une fraîcheur toute juvénile, Steven Hearn implante désormais des filiales du Troisième Pôle dans des pays d’Afrique francophone. CB
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Vincent Moon, 35 ans, réalisateur de films musicaux
L’ancien vidéaste vedette de la Blogothèque vit désormais au Brésil où il travaille à un long métrage sur les rituels chamaniques et poursuit une œuvre d’exploration/immersion excentrique, entre ethnologie et cinéma documentaire d’auteur. Vincent Moon est parti très loin, mais ses archives magiques sont sur vincentmoon.com, et un vinyle de ses enregistrements au Pérou est prévu pour la fin de l’année (ulule.com/vincent-moon). SD
Melissa Phulpin, 37 ans, attachée de presse
Formée chez V2, elle est devenue l’une des plus influentes attachées de presse indépendantes (Fauve ≠, Björk, Fredo Viola, Pitchfork Festival…). En octobre 2014, Melissa Phulpin a lancé Tomboy Lab, un label de musique indépendant qu’elle dirige avec Maÿlis Pioux. Créé pour soutenir et mettre en lumière des artistes émergents, Tomboy Lab étoffe peu à peu son catalogue : la chanteuse Blondino, la chanson coldwave de Louves ou encore Pain-Noir, splendide projet d’un ancien de l’écurie clermontoise Kütü folk, méritent d’ores et déjà vos oreilles. JS
tomboy-lab.com
Christophe Abric dit Chryde, 40 ans, fondateur de la Blogothèque
Faire découvrir la musique en la filmant différemment : voilà, en gros, la mission brillamment accomplie par la Blogothèque, à la fois boîte de production et site internet. L’entreprise a été créée en 2003 par le Français Christophe Abric, surnommé Chryde, aidé par une poignée de blogueurs dont Manur. Trois ans plus tard, le jeune homme lance avec le réalisateur Vincent Moon (lire p. 32) la série des Concerts à emporter : des captations de prestations organisées dans la rue, dans des lieux atypiques… Suivent les Soirées de poche : des concerts dans des lieux tenus secrets jusqu’au dernier moment et retransmis sur Arte Concert. La liste des artistes passés devant les caméras de la Blogothèque semble sortie d’un fantasme : Baxter Dury, Avi Buffalo, Father John Misty, Real Estate, Timber Timbre, Lykke Li, Feist, Villagers… Au-delà du casting épatant, ce sont surtout les formats développés par la Blogothèque qui lui ont permis de se démarquer des médias traditionnels, de se spécialiser dans la création de moments rares et, enfin, de se faire un nom à l’étranger. On citera notamment les prestations de Dominique A au musée d’Orsay, de Frànçois (sans ses Atlas Mountains mais avec Rone) dans le terminal Air France de l’aéroport Charles-de-Gaulle, de Phoenix dans la cour du château de Versailles, d’Alt-J à la chapelle des Beaux-Arts à Paris… Preuve de la vitalité de la structure, elle produit aussi pour Arte Tout est vrai (ou presque), un programme court et cocasse. JS
blogotheque.net/
Benjamin Caschera (La Souterraine), 34 ans, cofondateur de La Souterraine
Dans les concerts parisiens (et plus particulièrement dans les fêtes de La Souterraine à l’Olympic Café), il est facile de repérer Benjamin Caschera : c’est le plus grand. D’où, peut-être, son côté visionnaire. Après quelques années dans un bon vieux label, Benjamin Caschera a gagné son indépendance en commençant par monter le sien (Almost Musique, tenu avec un autre Benjamin, Baron Rétif), qui peut être fier d’avoir signé le groupe français Arlt (et aussi les Anglais Money, l’Américaine Mariee Sioux, la Bolivienne Luzmila Carpio…). Ensuite, il a lancé les Mostla, des compilations digitales gratuites qui passent la production underground internationale au tamis du bon goût – “des best-of d’artistes inconnus”, précise Benjamin Caschera. Puis La Souterraine (avec Laurent Bajon), qui éclaire les coins et recoins de l’Hexagone. Est-ce un site, un label, un laboratoire, une centrifugeuse, une rampe de lancement, une communauté de musiciens, des fêtes (à l’Olympic Café donc, puis prochainement au Lieu Unique à Nantes), une esthétique, une utopie réaliste ? Un peu tout ça, oui. “L’archéologie du futur”, résume Benjamin Caschera. Aujourd’hui, La Souterraine a gagné respect et reconnaissance. Sur le site, tout est en téléchargement libre et gratuit. Une partie du catalogue existe aussi en CD (voire en coffret) et le prochain volume sortira même en vinyle, le 28 août. Et c’est statistique : depuis que La Souterraine existe, on découvre beaucoup plus de bons artistes français qu’avant. SD
souterraine.biz
Denis Ladegaillerie (Believe Digital), 45 ans, distributeur
On peut louer l’opiniâtreté du créateur de Believe Digital, Denis Ladegaillerie, qui n’a jamais perdu foi en son intuition que l’union des petits pouvait répondre à la force des grands. Fondée en 2005, cette entreprise française de distribution de musique en ligne a progressé de façon spectaculaire dans un domaine pourtant trusté par les mastodontes mondialisés du numérique. Centrée sur les labels indépendants et présente sur une arborescence de supports (streaming, téléchargement, plate-forme de partage vidéo), elle vient de lever un fonds de 60 millions de dollars auprès de différents partenaires pour amplifier son développement déjà impressionnant (trois cents salariés pour une trentaine de bureaux dans le monde). Désormais, Believe appartient au cénacle qu’elle a contribué à bousculer. CC
Jean-Charles Dufeu (Microcultures), 33 ans, directeur de label
Ne pas forcément chercher à bouleverser le monde, massivement, de front. Le rendre simplement meilleur, plus beau, plus juste également : c’est la mission que s’est donnée il y a quelques années Jean-Charles Dufeu, cofondateur avec Louis-Jean Teitelbaum de Microcultures. La structure n’est pas seulement un outil de financement participatif : c’est surtout un label exigeant pour qui la levée de fonds n’est qu’un premier levier, qui ne se contente pas de mettre en lien les artistes, les publics et ses finances mais qui sélectionne ses élus avec un remarquable sens esthétique, les accompagne et les conseille, enrichit leurs desseins et chérit leur indépendance. Au final, de très beaux projets et disques (Pain Noir, The Apartments, Phantom Buffalo, Oddfellows Casino…) mais aussi bien plus : Microcultures est un salutaire enlumineur des marges discrètes. TB
microcultures.fr
Fleur & Manu, 37 et 35 ans, clippeurs
Originaires du Sud-Ouest, ces deux diplômés de l’école de communication visuelle de Bordeaux ont fait leurs premières armes chez H5 avant de clipper une bonne partie de la planète électronique : Gesaffelstein, une superbe trilogie très poétique et fictionnelle pour M83 ou plus récemment Drake et A$AP Rocky. Le duo tourne actuellement son premier long métrage, un film de SF adapté d’un roman pour ados, Le Combat d’hiver. GS
Brice Coudert, 36 ans, cofondateur de Concrete
Sur les cendres encore chaudes de Twsted, collectif explorateur de lieux alternatifs, Brice Coudert invente Concrete avec trois potes. Nous sommes en 2010 et le directeur artistique du projet entend réveiller le clubbing parisien avec des programmations sans concessions. 2015 : Concrete, devenue péniche amarrée quai de la Rapée, est désormais l’institution totale de la musique électronique à Paris. A travers des formats jour et un public réinventé, le lieu rassemble la nouvelle scène techno et rayonne en accouchant du Weather Festival – un gros bébé que Brice Coudert veut placer au centre de la carte electro de demain. Avec d’autres initiatives comme les événements 75021, le Macki Music Festival ou encore des lieux comme le 6b de Saint-Denis, c’est tout le grand Paris qui réapprend à faire la teuf. MdeA
Vincent Carry, 44 ans, directeur de festival
A la tête de Nuits sonores depuis sa création en 2003, Vincent Carry a bouleversé les codes en place avec une vision sans concession. En développant l’European Lab – un cycle annuel de conférences et de rencontres – et en s’implantant progressivement sur le territoire de la Confluence – une ancienne friche industrielle dans le sud de la presqu’île lyonnaise –, Nuits sonores pose aujourd’hui un regard méta sur le phénomène festivalier : c’est quoi un concert ? quels rôles pour les festivaliers ? comment pratiquer la ville intelligemment ? pourquoi s’inscrire dans une approche globale de la culture ? Autant de questions que pose cet ancien journaliste issu, selon ses mots, d’une “génération post-Malraux” résolue à en découdre avec des politiques culturelles sclérosées. MdeA
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