Chassol présentait le troisième volet de ses aventures musicales à Paris devant une salle hypnotisée. On y était, on vous raconte.
Les gens discutent tranquillement quand la voix de Chassol, posé derrière ses claviers, résonne dans la salle, il est 21 heures, Big Sun c’est parti et il annonce Lawrence Clais à la batterie pour un duo live qui s’appuie sur de précieuses vidéos. Après ses expériences Nola chérie en 2011 et Indiamore en 2013, qui sondaient respectivement les formes musicales des villes de la Nouvelle-Orléans pour les Etats-Unis, Bénarès et Calcutta pour l’Inde, Chassol complète sa trilogie avec Big Sun, une visite aux Antilles, dont il est originaire. Avec le même principe, se rendre sur place, rencontrer des gens et les filmer, discuter avec eux, les regarder chanter et danser, et ramener tout ça pour en faire un ciné-concert d’un autre genre où les vidéos se mêlent à la musique jouée en live.
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Les premières images sont celles d’un soleil écrasant, sur lesquelles vient se poser une voix mécanique : Chassol plaque ses notes qui deviennent ensuite une douce mélodie. C’est la première partie du programme qui commence, et sur l’écran ce sont maintenant un arbre, des oiseaux et leurs cris, qui s’animent, suivis sur scène par les claviers. Montée lente et maîtrisée, la progression est maintenant complétée par la batterie.
Le dispositif est celui de l’harmonisation : Chassol met des notes sous les bruits de la ville et des animaux, et sous les paroles des gens. Pipo Gertrude, chanteur du groupe Malavoi, nous parle maintenant et se met à siffler. La séquence mise en boucle donne une étonnante balade jazz, qui met la salle en joie : on sautille et on applaudit la performance avant de rester scotchés à la scène suivante. Cette fois-ci c’est un flûtiste que Chassol et son équipe ont rencontré : Mario Masse en noir et blanc se promène et nous hypnotise avec sa ritournelle. Moins contemplatif qu’Indiamore ce Big Sun nous éblouit par ses changements de rythme, et la deuxième partie, plus musclée, surprend.
Les rencontres semblent informelles et c’est dans un arrière-boutique qu’on rencontre une bande d’amis qui jouent au domino : « Allez double 6, entre toi et moi ! », lance le vieil homme. Ce sont eux encore qu’on retrouve avec des instruments de fortune et qui nous entraînent dans un morceau qui, soutenu à la batterie et poussé au clavier, prend des airs d’électro chaloupés.
C’est dans la rue aussi, avec un jeune homme qui nous regarde droit dans les yeux et se lance en freestyle, casquette vissée sur la tête et sweat à capuche. Le ragga se mêle au classique et au jazz, et le public entre en transe. Dans la rue toujours, avec ce jeune homme à contre-jour qui nous éclate d’un I should be dead, second freestyle ragga qui achève de nous mettre au top. Ce sont d’autres Antilles que Chassol nous présente ici : loin du zouk et des clichés musicaux, on découvre des formes libres et soignées dans un anti-voyage (comme il l’appelle lui-même) lumineux. Sur l’écran apparaît une route, et l’aventure continue direction le Carnaval pour la troisième partie.
On suit différentes formations
C’est dans le marché d’une ville que Chassol connaît bien qu’on se retrouve : ses nés parents sont natifs de Rivière-Pilote en Martinique, tout comme cette vieille dame, Etienne Lise, qui y vend ses spécialités. C’est encore elle qui, au gré d’une improvisation mise en boucle, nous entraîne dans les rythmes saccadés des marcheurs du carnaval. Et toute la puissance de l’événement nous est retransmise en live avec Chassol tout à ses claviers et Lawrence Clais déchaîné à la batterie.
On suit différentes formations, et on s’arrête devant une jeune femme splendide qui fixe la caméra : on observe le rythme de ses mouvements d’épaules sur lequel Chassol s’est calé. Après ces lumières et ces sonorités éclatantes, ce sont des hommes aux masques de singes qu’on retrouve à l’écran. Ils dansent de manière frénétiques et narguent ostensiblement la caméra. Dans la salles les gens applaudissent (comme pendant tout le concert, avant même la fin des morceaux) et le Big Sun s’achève tranquillement. Pour finir, et remercier les gens nombreux qui soutiennent ses projets, Chassol entame un générique en musique en invitant sur scène son ami et éditeur musical Bertrand Burgalat, patron du label Tricatel.
Après une heure et quelques de promenade musicale et sous les applaudissements nourris du public, Chassol s’échappe. Son Big Sun est un enchantement et une expérience humaine d’une chaleur déconcertante : on a rarement vu musiciens sur scène prendre plus de plaisir à jouer.
Big Sun, sortie le 9 mars sur le label Tricatel
Chassol en tournée dans toute la France
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