Dans sa discographie récente, DJ Krush, ce maître nippon du hip-hop ligne claire et épuré, a montré son besoin d’être entouré, de trouver des compagnons de route à qui ouvrir largement sa musique. Pas de trace de vampirisme chez lui, plutôt la légitime peur de tourner en rond et d’affadir ses beats pris dans un […]
Dans sa discographie récente, DJ Krush, ce maître nippon du hip-hop ligne claire et épuré, a montré son besoin d’être entouré, de trouver des compagnons de route à qui ouvrir largement sa musique. Pas de trace de vampirisme chez lui, plutôt la légitime peur de tourner en rond et d’affadir ses beats pris dans un cul-de-sac. C’est donc sans surprise qu’il faudra accueillir cette collaboration avec Toshinori Kondo, trompettiste et compatriote, une collaboration qui illustre de manière flagrante cette nécessité de trouver un partenaire. Car le DJ japonais, proche de DJ Shadow, montre qu’il envisage la virtuosité des platines avec discrétion et économie, qu’il n’a pas peur de reléguer sur le bas-côté, presque dans l’ombre. Il se met ainsi littéralement au service de Kondo, s’adaptant à son souffle régulier, lui laissant sans sourciller endosser le rôle de leader. Le trompettiste a tout loisir de mener la danse, une danse indolente et belle pour qui le métissage est plus qu’une solution à envisager : un état de fait, voire une raison de vivre. Aucune urgence dans cette mixité-là, ces deux auteurs ont moins voulu marquer les esprits qu’imprimer en douce une jolie trace dans les esprits. Aire de récréation virtuelle, Ki-oku scelle une rencontre harmonieuse entre les notes colorées du souffleur et le sens de l’espace du metteur en forme. Omniprésent, Toshinori Kondo ne se montre pas trop bavard, privilégiant les mélodies en volutes qui, sitôt esquissées, disparaissent dans des fumées aux teintes d’aquarelle. Tout en nuances, DJ Krush retrouve le meilleur de sa forme, pliant ses machines à une discipline stricte qui porte ses fruits les muscles sont souples et tendus. Son meilleur allié reste toujours le silence, allégeant au maximum un hip-hop qui se retrouve loin de ses bases. Le déhanchement gracile de Fu-yu, la reprise nonchalante du Sun is shining de Bob Marley, la gravité de Ha-doh, tous les morceaux concourent à une petite révolution de palais, déguisée sous un disque éternellement estival les après-midi étouffants, la descente du soir. C’est en effet un mariage clandestin entre le jazz et le hip-hop qui est réussi ici, le genre d’utopie musicale que le début des années 90 avait connue, notamment avec Guru et son Jazzmatazz.
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