Depuis le 8 janvier, des sites français divers et variés font l’objet d’attaques informatiques revendiquées pour la plupart par des groupes islamistes.
[Mise à jour le 12 janvier à 19h: des sympathisants de l’Etat islamique ont hacké lundi un compte Twitter de l’armée américaine. L’un des tweets renvoie vers un texte hébergé sur Pastebin contenant des liens permettant, selon les djihadistes, de télécharger des informations confidentielles récupérées sur les téléphones de militaires. Les autres tweets sont des captures d’écran de données confidentielles de hauts gradés de l’armée américaine (adresses postales, numéros de téléphone, de sécurité sociale…). Un acte autrement plus grave que ceux perpétrés contre les sites français depuis une semaine.]
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La cyberguerre est déclarée. Le 7 janvier, suite aux attentats perpétrés dans les locaux de Charlie Hebdo, les Anonymous invitaient les internautes à leur signaler les comptes Twitter et sites de groupes islamistes afin de leur lancer des attaques par déni de service (DDOS), leur spécialité :
Do you want to help us ? Find terrorists twitter profiles, report them. #No2IS#JeSuisCharlie#OpCharlieHebdo#CharlieHebdo#StopDonkyLovers
— OpCharlieHebdo (@OpCharlieHebdo) 9 Janvier 2015
Le 10, le groupe OpCharlieHebdo déclarait avoir fait tomber Ansar al-Haqq, un des rares sites pro-jihadistes en français :
#TangoDown : http://t.co/rHJrjTZ8mA Expect us. #JeSuisCharlie #OpCharlieHebdo #CharlieHebdo pic.twitter.com/RK7gBWr8QS
— OpCharlieHebdo (@OpCharlieHebdo) 10 Janvier 2015
Et, effectivement, l’adresse du site renvoie actuellement sur le moteur de recherche DuckDuckGo, qui ne garde pas en mémoire les informations de recherche de ses utilisateurs.
APoca-DZ et Fallaga Team
La riposte ne s’est pas fait attendre. Depuis le 8 janvier, des dizaines de sites français font l’objet de hacks, souvent clairement revendiqués par des groupes islamistes. Les municipalités de Goussainville, Ezanville, Jouy-le-Moutier et Piscop, ainsi que la Confédération générale des petites et moyennes entreprises du même département, le Val d’Oise, ont vu les pages d’accueil de leurs sites respectifs être remplacées par un fond noir, une inscription en arabe et la signature « l’APoca-DZ ».
C’est ce même nom qui se retrouvait dans la nuit de jeudi 8 à vendredi 9 janvier sur les pages d’accueil de dizaines de sites bretons piratés (dont la liste quasiment complète a été publiée par le site 7seizh), aux côtés du message « The Islamic State Stay Inchallah, Free Palestine, Death to France, Death to Charlie Hebdo » (« L’Etat islamique demeure Inchallah, Libérez la Palestine, mort à la France, mort à Charlie Hebdo« ). D’après Ouest France, ces sites n’auraient pas été visés pour leur contenu mais parce qu’ils sont hébergés par une même société basée à Vannes et qui présentait une faille informatique.
La majorité des autres attaques ont été revendiquées par un groupe islamiste tunisien baptisé « Fallaga team ». Parmi les nombreux sites touchés : celui de la municipalité de Biarritz, du lycée Charles de Gaulle à Dammartin-en-Goëlle, du Mémorial de Caen, de la Fondation Jacques Chirac, du CHU de Strasbourg, du Palais des papes à Avignon, de l’institut Emilie du Châtelet qui « travaille au développement de la recherche et des enseignements sur les femmes, le sexe ou le genre, dans l’ensemble des disciplines scientifiques. » La Fallaga team rapporte toutes ses actions sur sa page Facebook, toujours en activité aujourd’hui à 16h. Ses messages citent pèle-mêle la Palestine et l’Etat islamique.
Des « Script Kiddies »?
« Ils ont attaqué des sites en majorité obsolètes, dont les systèmes n’étaient pas mis à jour, analyse Nicolas Diaz, spécialiste du Web et Directeur des systèmes d’information à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), il n’y a donc aucune prouesse informatique. Ce sont certainement des Script kiddies |terme désignant des néophytes s’essayant au piratage informatique à l’aide de scripts et programmes mis au point par d’autres, ndlr]. Ce sont souvent des gamins qui veulent devenir star à tout prix et se lancent dans une course à la dédicace en multipliant les « défacements » [modification d’une page Web suite à un piratage informatique, ndlr] »
Pour lui, au vu de leur « qualité« , ces attaques informatiques tiennent plus de « la gaminerie », « du cassage de cabanes en bois » que d’une véritable cyberguerre. Même chose pour les Anonymous dont les actions pourraient, à ses yeux, se révéler « contre-productives » et « nuire au travail des autorités ».
Il invite, au passage, les internautes à utiliser le portail gouvernemental Pharos afin de signaler d’éventuels contenus ou comportements illicites aperçus sur Internet.
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