Au lendemain de leurs deux concerts sold out à Central Park, Christian et Deck de Phoenix reviennent en interview sur le gros carton américain de Wolfgang Amadeus Phoenix, sur la vie sur en tournée aux Etats-Unis, et sur l’amour qu’il provoque chez les yankids.
Comment vous sentez-vous ?
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Deck : Fatigué.
Christian : Fatigué, oui. Mais en tournée, et c’est pareil pour tous les musiciens, il y a une concurrence entre fatigue et frénésie qui rend la vie un peu floue, un peu magique. Surtout aux Etats-Unis : les distances sont énormes. En France, pour aller d’une ville à une autre, tu fais deux cent kilomètres dans la nuit –ici c’est 15 heures de route, et des changements assez spectaculaires. On a traversé tout le pays, on était à Los Angeles il y a deux jours… Un concert incroyable, d’ailleurs ; on a de toute façon fait que des salles incroyables. Là, c’était le Greek Theatre : c’est sous l’observatoire, sur la colline d’Hollywood, dans un parc naturel protégé, en pleine nature, un décor des années 30, mélange hollywoodien de cinéma et d’architecture grecque. On a aussi joué à Denver, au festival Red Rocks : là aussi, totalement incroyable. Ils ont creusé un amphithéâtre dans des canyons, là aussi avec un décor des années 30.
Deck : En plein milieu d’un canyon. Tu joues au beau milieu d’énormes blocs de roches rouges. Ca résonne, le son est particulier, c’était assez fou. Et le public, lui, avait une vue incroyable sur Denver.
Christian : On a aussi joué à Minneapolis, dans la salle de Prince.
L’approche des concerts est différente, aux Etats-Unis ?
Christian : C’est vrai que l’entertainement est une telle institution ici, depuis des dizaines d’années, que tout est réglé au millimètre. C’est le côté un peu négatif du truc, il y a des règles partout, une personne ne peut pas se mettre sur les épaules d’une autre, la sécurité est ultra-stricte…
Deck : C’est un peu aseptisé. Il y a de la clim’ partout ; il arrive même qu’on ait froid, sur scène.
Après Denver et Los Angeles, vous avez joué où ?
Christian : On a joué à San Francisco. Et on a joué à Las Vegas, en première partie des Killers, encore un truc totalement fou, dans une espèce de stade-casino géant. On a aussi joué dans un petit patelin dans le Nebraska –c’est le genre de contraste qu’on adore dans ce genre de tournée. On a même eu une journée libre dans un tout petit village du Wyoming, 1500 habitants. Il n’y avait que nous. Une rue, c’est tout, un vrai village de cowboy. Ils ont vu le tourbus arriver, ils ont halluciné, on a fini la journée à se marrer avec les locaux dans le bar du coin, ils n’avaient jamais vu de Français de leur vie. Fabuleux. Après, on est allés à Chicago, génial aussi : une salle gigantesque, avec 5000 personnes, une vieille salle jazz des années 20, magnifique.
Comment vous définiriez votre public américain ? Il y a un profil-type ?
Christian : En fait, on a l’impression d’avoir des règles, des préconçus ; mais ça ne s’avère jamais vrai. Même à New York, les deux soirs, les publics n’avaient rien à voir. Le premier soir était super, mais on a subi un énorme problème technique. Au final, ça s’est très bien passé, mais on a trouvé ça un peu moins bouillant que le lendemain –même dans le groupe, on a réussi le deuxième soir à mettre encore plus de tension, de pression. Le public dépend aussi des villes, et ça dépend de la vision de chacun, qui diffère beaucoup selon les individus : j’en parlais hier avec le chanteur de Vampire Weekend, je lui disais que Chicago était une ville géniale, alors que pour lui c’est une ville minable, une sorte de version plouc de New York, sans intérêt. Tout est très relatif.
Deck : Globalement, ça reste quand même un public assez indé. Même si on commence à toucher d’autres gens. On sent que ça change progressivement.
Christian : On a fait le Saturday Night Live en avril. On ne s’est pas tout de suite rendu compte de la portée du show, mais ça a changé énormément de chose. On en a fait d’autres, Dave Letterman, Jimmy Kimmel, Conan O’Brian, Jimmy Fallon ou Craig Ferguson ; mais le Saturday Night Live a sans doute eu le plus d’impact.
Avant d’avoir passé ce cap avec Wolfgang Amadeus Phoenix, vous aviez déjà un public aux Etats-Unis…
Christian : Oui. Les choses sont allées très progressivement. On n’avait pas tourné ici avec le premier album, mais on a à chaque fois fait une ou deux petites tournées avec les suivants. On a grossi petit à petit, doucement, on a d’abord joué des petits clubs, puis des salles plus grandes.
Deck : C’est idéal, pour ça : ce qui se passe actuellement ne sort pas non plus de nulle part, on avait déjà une petite fan base aux Etats-Unis. C’est une chance, pour nous, de ne pas avoir explosé d’un coup : c’est plus simple à gérer, pour nous, à tous les niveaux.
Christian : D’une certaine manière, même discrètement, on est dans le paysage musical américain depuis quelques années déjà. Le premier album, on n’avait pas tourné ; mais c’était un album un peu secret pour les gens d’ici, un truc d’initié, on en avait vendu que 10000 à peine… Tout est monté très lentement. Un peu comme dans une société secrète, avec de plus en plus d’adeptes.
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