Mick Jones viré, Topper Headon en cure de désintoxication : le Clash des puristes n’existe plus et se retrouve réduit au duo de Joe Strummer et Paul Simonon, agrémenté d’un trio de nouveaux venus aux mines patibulaires et au look hybride, entre rockabilly et punk. D’emblée, cette nouvelle version du Clash semble n’avoir qu’un seul […]
Mick Jones viré, Topper Headon en cure de désintoxication : le Clash des puristes n’existe plus et se retrouve réduit au duo de Joe Strummer et Paul Simonon, agrémenté d’un trio de nouveaux venus aux mines patibulaires et au look hybride, entre rockabilly et punk. D’emblée, cette nouvelle version du Clash semble n’avoir qu’un seul but : retrouver l’esprit originel et lœurgence qui animaient les premières exactions prototerroristes du groupe.
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Sur Dirty Punk, le deuxième morceau du disque, Strummer semble chercher à communier à nouveau avec l’esprit de 1977 : « Gonna be a dirty punk » (je serai un sale punk). Cet emballage un peu rétro, perçu comme une sorte de tentative de jouvence, n’a eu à l’époque aucun succès, ni critique ni public. De fait, l’époque (le milieu des années 80) est très éloignée des affres du punk et des années 70. Pourtant, à y regarder de près, Cut the Crap n’est pas un mauvais disque : il déborderait même plutôt de second degré. Strummer ne tente pas tant de renouer avec sa jeunesse que de la contempler avec un regard distancié et ironique. Ce faisant, il découvre, peut-être presque par hasard, une formule musicale inédite dans le cadre du punk : celle de l’usage de boîtes à rythmes et de séquences synthétiques, directement influencée par le hip-hop et l’electro new-yorkaise, mais propulsée par des couches de guitares abrasives (les Beastie Boys avant l’heure, selon la formule du critique anglais Jon Savage). En fait, Cut the Crap et son single, This Is England, prouvent que Mick Jones n’était pas l’unique membre du Clash à avoir conscience du développement des nouvelles musiques urbaines contemporaines des années 80.
Aujourd’hui encore, Cut the Crap conserve une sorte de naïveté un peu désuète : lorsque je le réécoute, j’ai l’impression d’entendre un de ces milliers de groupes de noisy-pop anglais, rêveurs et bourrés d’illusions, qui ont tous fricoté avec des boîtes à rythmes cheap et des guitares de fortune. Surtout, il rejoint étonnamment, avec presque vingt ans d’avance, toute la mouvance electroclash contemporaine, adepte des mêmes sons et des mêmes graphiques punks recyclés. Même dans sa période la plus décriée, le Clash se révèle, à la longue et malgré lui, toujours fondateur et fécond.
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