La joueuse de rugby de 24 ans, l’une des meilleures mondiales à son poste, a vécu une année très réussie avec un podium en Coupe du Monde et un Grand Chelem lors du tournoi des Six Nations. Retour sur ce succès et sur la pratique du rugby féminin en France.
Cette année 2014 aura été celle de la révélation du rugby féminin, jusque-là assez méconnu en France. Comment as-tu vécu cette mise en lumière ?
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Marjorie Mayans: Oui, ça a été une réelle réussite sur le plan de la médiatisation, pour toutes les rugbywomen de France, c’est une super reconnaissance. On a su montrer que le rugby féminin était en train de progresser et que nous étions dans une bonne dynamique de travail, avec une préparation sérieuse. Même en club, nous avons un public plus important chaque week-end. On remplit bien les tribunes, c’est agréable. Les 24 et le 25 janvier, deux matchs de Top 8, le championnat de rugby féminin français, seront aussi diffusés sur Canal + et sur France 4. Il y a de plus en plus de sponsors qui s’intéressent à notre sport. Mais le plus important, c’est que de plus en plus de femmes se mettent à jouer au rugby. Dans mon club, nous avons dû ouvrir une troisième équipe cette année pour pouvoir faire jouer tout le monde.
En quoi le rugby féminin est-il différent du rugby masculin ?
On dit souvent que nous sommes plus dans l’évitement que les garçons. C’est vrai que, quand on regarde le Top 14, ça devient un jeu très physique. Nous n’avons forcément pas la même dimension physique qu’eux. Après, cela reste du rugby et ce sont exactement les mêmes règles. Il y a des plaquages qui sont quand même assez violents chez les filles.
La musculation a la même importance dans le rugby féminin ?
Oui, à la fois pour être performante mais aussi pour se protéger des chocs. En équipe de France, on fait pas mal de séances en salle de musculation. Il y a trois, quatre ans, seules les internationales faisaient de la muscu mais, aujourd’hui, on en fait de plus en plus en club.
Pour toi, est-ce qu’un corps de femme très musclé peut-il remettre en cause sa féminité ?
Non, je pense qu’il n’y a aucun rapport entre le manque de féminité et le rugby. Chaque femme est différente et doit inventer sa propre féminité, qu’elle fasse du rugby ou pas, qu’elle soit musclée ou pas.
Comment as-tu commencé le rugby ?
J’ai débuté à 9 ans. Mon petit frère pratiquait le rugby. Un jour, je suis allée voir un entraînement et ça m’a paru très intéressant. J’ai essayé et me voilà. Avant ça, j’avais fait du tennis.
Quels conseils donnerais-tu à une fille qui désire commencer le rugby ?
Il faut qu’elle s’inscrive au plus vite dans un club. Pas mal de filles ont longtemps hésité et s’y sont seulement mises à la fac. Certaines de ces filles sont aujourd’hui au plus haut niveau et elles regrettent de ne pas avoir commencé plus tôt.
A long terme, penses-tu que le rugby féminin va se professionnaliser, à l’image de football féminin ?
En vue des Jeux Olympiques de Rio, les joueuses de l’équipe de France de rugby à VII, dont je fais partie, sont passées semi-pro. Après, je ne sais pas si nous pourrons en vivre complétement un jour. En rugby à XV, nous touchons des indemnités mais rien de fixe. La plupart des joueuses ont un boulot à côté et, pour ma part, je continue mes études, en Master 2 de sciences politiques.
Si tu devais retenir une image de cette année 2014, que choisirais-tu ?
Le stade de Jean-Bouin plein pour nous accueillir lors du match pour la troisième place de la Coupe du Monde contre l’Irlande, qu’on remporte 25 – 18.
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