En 1990, Ride dévoilait son premier album “Nowhere”. Trente-deux ans plus tard, le groupe d’Oxford interprétera son chef-d’œuvre aux Inrocks Festival le 18 décembre prochain. Retour sur un disque mythique.
“Now it’s your turn to see me rise/You burn my wings but watch me fly above your heads”, dans la chanson Seagull – inspirée de Jonathan Livingston le goéland – qui ouvre l’album de Ride. Aux innocents les mains pleines. Quatre jeunes garçons cachés derrière un mur du son finement ouvragé brillent et volent eux aussi au-dessus du lot, grâce à un premier album simplement époustouflant.
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D’un côté, la fougue, l’ingénuité, la jeunesse, le bruit ; de l’autre, déjà le sens mélodique, l’affirmation d’une identité musicale et la maîtrise instrumentale. Ride, un an d’existence, dix-neuf morceaux gravés, une jeunesse saine et talentueuse. Et de la graine de star. Sur la foi de deux maxis, ils sont accueillis au festival de Reading par une foule en délire, ils balancent imperturbablement leur mur du son vibrant, les jeunes filles leur lancent des fleurs. Et ce, quoique les guitares ne caressent pas l’oreille dans le sens de la pop. On les dit influencés par The Jesus & Mary Chain, leur musique semble au contraire n’être sous aucune obédience particulière, vivre uniquement de sa candeur en s’auto-enflammant. Car, derrière l’apparent nihilisme, l’incandescence passionnée des chansons incendie littéralement Nowhere.
L’eau et le feu, le bruit et la mélodie
Sur presque tous les morceaux, le magma sonore s’épaissit jusqu’à la densité extrême permise par la mélodie, jamais flouée. C’est en arrivant à Vapour Trail, huitième et dernier morceau, qu’on s’en aperçoit, au dernier coup d’archet d’un violoncelle saugrenu. Ride a marié l’eau et le feu, le bruit et la mélodie. Combien de groupes aussi talentueux que Sonic Youth ou My Bloody Valentine ont mis des années à y parvenir ? Là, d’un premier jet, vierge, Ride se dispense de tous les tâtonnements et assomme les préliminaires. Pas l’ombre d’un tortillement gratuit ne vient distraire la certitude dont est empreint Nowhere, l’album est à prendre ou à laisser. Ici, on le prend à plein bras. Lorsqu’un tel premier disque est enregistré à 21 ans, ça s’appelle du triomphe.
(Creation/WEA). Sortie le 15 octobre 1990.
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