Balzac et gymnastique. Le cinéma de Truffaut avait une cohérence que la musique de ses films dément. L’intensité passionnelle en sort vainqueur. Musique de film Que l’on ait entrevu, vu, ou revu cent fois chacun des vingt et un longs métrages de François Truffaut, il est au moins une chanson ou un thème musical qui […]
Balzac et gymnastique. Le cinéma de Truffaut avait une cohérence que la musique de ses films dément. L’intensité passionnelle en sort vainqueur.
Musique de film Que l’on ait entrevu, vu, ou revu cent fois chacun des vingt et un longs métrages de François Truffaut, il est au moins une chanson ou un thème musical qui reste solidement gravé en mémoire. Faisons le compte : elles ne sont pas si nombreuses, ces musiques de films qui se confondent aussi intimement avec nos vies. Avant d’appartenir au cinéma, l’oeuvre de Truffaut appartient à tous ceux qui ont eu la chance de grandir avec elle. Plus qu’une leçon d’esthétique : un code de conduite, une tentative d’éducation sentimentale et sociale aux vérités multiples et inépuisables. Cette intégrale reconstitue donc, par la bande (originale), chaque pan du vaste canevas truffaldien : « Les aventures d’Antoine Doisnel », « Récits d’apprentissage et d’amour« , « Les passions amoureuses » et « Les films noirs« . Quatre disques où l’intensité passionnelle va crescendo. On notera au passage que, hormis le dernier (et encore), tous ces thèmes n’en forment en réalité qu’un seul, au coeur duquel Truffaut, grand admirateur de Balzac, a préféré se perdre plutôt que d’y répondre. Une comédie humaniste mise en musique par de grands noms de l’illustration, dont la seule contrainte consistait à ne pas trop envahir l’écran. A ce titre, les BO de Truffaut sont exemplaires car elles soulignent, signifient avec force détails, sans jamais baver hors de leur cadre. Et lorsqu’une chanson apparaît, on voit presque à chaque fois l’interprète (Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Bernadette Lafont) la chanter dans le film. On entend donc chez Truffaut de grandes plages symphoniques comme de vives interventions qui suggèrent tour à tour les nébuleux questionnements de ses personnages et la légèreté de leurs actes. Un grand drame ponctué de petites insouciances. Georges Delerue qui offrit pourtant au frère ennemi Godard sa plus belle partition (Le Mépris) et Antoine Duhamel, qui se partagent l’essentiel de ces BO, oeuvreront dans ce sens. Alors que Bernard Herrmann sera pour Truffaut le talisman le plus précieux pour approcher, dans le noir, l’ombre de Maître Hitchcock. Sans identité musicale propre, la filmographie de Truffaut où Vivaldi et Souchon jouent les guest-stars contient l’une des palettes sonores les plus complètes de la chanson légère au baroque en passant par le jazz jamais utilisées par un cinéaste. Et s’il n’aura jamais recours au rock, c’est peut-être par manque d’affinités mais plus certainement parce que le rock sous-tend des convulsions collectives trop étrangères à ce cinéma de l’affectif. En bonus, un cinquième CD réunit des extraits d’entretiens avec Truffaut. De la Nouvelle Vague cette coïncidence, comme il la qualifie pudiquement il dit notamment, en citant Gide, pour justifier le cheminement décousu de ses principaux représentants : « Que chacun suive sa pente, pourvu que ce soit en remontant. » Les compositeurs qui travaillèrent à ses côtés furent de sacrés grimpeurs.
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