“Chez lui, il se sent comme un touriste“, éructe Gang Of Four dès la première chanson de cette anthologie que l’on réédite à chaque fois que l’histoire comble son retard sur Gang Of Four ? c’est-à-dire à chaque nouvelle génération énervée. Et effectivement, dans l’Angleterre postpunk, le funk industriel, raide et gauchiste de Gang Of […]
« Chez lui, il se sent comme un touriste« , éructe Gang Of Four dès la première chanson de cette anthologie que l’on réédite à chaque fois que l’histoire comble son retard sur Gang Of Four ? c’est-à-dire à chaque nouvelle génération énervée. Et effectivement, dans l’Angleterre postpunk, le funk industriel, raide et gauchiste de Gang Of Four se sentait comme un touriste, coursé par les skinheads, caricaturé par une grande partie de la presse. Leur fatras d’influences, inédites pour de jeunes prolos de Leeds, avait tout pour les éloigner des uniformes culturels de leurs contemporains. Hormis des textes cinglants, Gang Of Four semblait ignorer l’Angleterre, refusant l’insularité du postpunk pour aller chercher en France (Monet, Godard, les Situs), en Amérique (le funk nucléaire de Parliament, les guitares stridentes de Beefheart) ou en Chine (leur patronyme ) des explosifs pour cette détonation séminale.
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C’est curieusement l’Amérique qui, la première, verra la lumière dans cette déflagration : influence constante depuis les années 80, Gang Of Four y saute régulièrement les générations, culte entretenu aussi bien par REM que par The Rapture, Fugazi ou les Red Hot Chili Peppers. Du coup, même des titres enregistrés il y a vingt-cinq ans pour leur immense Entertainment! conservent ici toute leur vitalité, une modernité propre aux classiques. Et sur le dance-floor, test impitoyable pour les sons et les dynamiques, même le funk industriel et oppressant de Capital (1981) ou, surtout, le groove martial de I Love a Man in Uniform (1982) demeurent d’une miraculeuse pertinence, largement dignes des plus rêches productions de DFA.
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