[Ils ont fait 2014] Après avoir officié pendant un an au Petit Journal où elle présentait la Minute Pop, Ophélie Meunier a rejoint à la rentrée 2014 l’équipe de la Nouvelle Edition, toujours sur Canal +, où elle tient une chronique sur le monde des médias. Âgée d’à peine 27 ans cette ancienne mannequin prend ses marques et alimente les commentaires sur les réseaux sociaux. Comment a-t-elle vécu ce premier tournant dans sa carrière ? Quels événements l’ont marquée en 2014 ? Entretien.
A la rentrée 2014 tu es passée de la « Minute Pop » dans le Petit Journal à une chronique médias dans la Nouvelle Édition sur Canal +: est-ce que ça a été un changement de cap important pour toi ?
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Ophélie Meunier – Oui bien sûr. Tout changement d’émission est un changement important. Cela a été un changement de matière, un changement d’équipe, un changement d’horaire. La seule chose qui n’a pas changé c’est la chaîne, tant mieux. Mais cela a constitué un changement très important, que j’ai pris au sérieux.
Tu as appréhendé ?
Evidemment. J’ai appréhendé parce qu’on n’a pas envie de décevoir les gens qui nous accordent leur confiance dans cette nouvelle saison. Appréhender est peut-être un peu fort comme mot, mais j’ai eu envie que le démarrage se passe bien en tout cas. Il y avait une petite adrénaline en début de saison qui était très présente.
Autant que si cela avait été un changement de métier ?
Non, car que ce soit Le Petit Journal ou la Nouvelle Edition, le fond de ma journée consiste toujours à faire de la recherche d’infos et à les retransmettre à l’antenne, à être journaliste. Par contre je n’étudie pas du tout la même matière. Je suis partie sur les émissions de télé, les personnalités médias, la radio, la presse écrite – beaucoup la télé, française et étrangère. A la « Minute Pop » j’étais plus sur des personnalités, des people. Je ne cherchais pas les mêmes sujets, mais le fond de ma journée reste de la recherche et l’écriture de chroniques.
Comment procèdes-tu pour trouver tes sujets ?
Je regarde beaucoup les sites médias : Télérama, Les Inrocks, Ozap, Morandini, et toutes les rubriques médias que tous les sites font maintenant sur France Info, le HuffPost, etc. Et les sites étrangers comme le Guardian, le Washington Post, le New York Post… La palette est hyper large, et il y a toujours une rubrique média quelque part pour trouver une info qui nous intéresse. Donc j’utilise beaucoup internet. Le Parisien aussi, c’est la baguette de pain du matin (rires). Et enfin les canards télé : Téléstar, Télé7jours, télé-tout ce que vous voulez. Ma chronique est faite l’après-midi, et le matin je me consacre à préparer le reste de l’émission : je m’informe sur les sujets qui vont être abordés, je lis la biographie des invités, je parle avec Domenach de ses histoires politiques…
A-t-il été difficile de te défaire de la rubrique people dans laquelle on t’avait peut-être cataloguée ?
C’est le défi d’une vie d’antenne. C’est le jeu. Je ne suis restée qu’un an au Petit Journal. Je n’utiliserais donc pas le mot cataloguer, car je pense qu’on ne catalogue qu’avec le temps. De toute façon cela fait partie du jeu quand on commence à être médiatisée. Donc non. Je pense que ça a été plus une appréhension de la part des autres. Moi je l’ai pris assez naturellement en fait.
Ton passage d’une chronique people à une chronique média a suscité des doutes, parfois des critiques sur les réseaux sociaux et dans des articles qui remontent dans Google : est-ce que tu as eu l’impression de vivre un procès en légitimité ?
Je m’y attendais un petit peu, mais en même temps je savais que si je faisais bien les choses cela allait vite changer, et en effet ça a changé. Cela a été l’affaire de quelques jours, quelques semaines. Maintenant les gens ont compris que je savais de quoi je parlais. Je l’espère en tout cas.
Est-ce que tu regrettes la façon dont tu étais filmée pendant la séquence où tu arrivais dans la « Minute Pop » ?
Pas du tout ! D’abord, je ne regrette rien du Petit Journal. Et puis ça a fait parler, et tant mieux. Je ne regrette pas. C’était fait comme ça, ça a été changé en cours de saison, pour des raisons, et ça fera partie de la « Minute Pop » dans son ensemble, dans le contenu et dans la forme.
http://youtu.be/12XnPh0KpS0
Beaucoup d’articles qui te sont consacrés te qualifient de belle, de jolie, se focalisent sur ton physique : ça te lasse parfois que cela passe sous silence le contenu de tes chroniques ?
Merci – hum ! Franchement je ne vais jamais me plaindre qu’on me trouve jolie. Vous pouvez encore me le dire si vous voulez, ça me fait toujours plaisir. Cela n’empêche pas de montrer aux gens au quotidien qu’il y a quelque chose derrière. Les gens peuvent être agacés que l’on puisse être jolie et que l’on sache raconter des choses. Tant pis pour eux. Si on agace, c’est qu’on intéresse.
Dans le monde de la télévision aux Etats-Unis on utilise le terme de « news babe » pour désigner des présentatrices et des chroniqueuses qui viennent du monde du mannequinât : est-ce que c’est un concept qui pourrait s’exporter en France, que l’on peut entendre dans le monde de la télévision française ?
Je pense que les médias américains et les médias français sont probablement sur deux planètes différentes. On fait du journalisme pas du tout à la même façon que les Américains. Et je pense que les gens n’accueilleraient pas du tout ce terme en France comme il est accueilli aux Etats-Unis parce que nous ne sommes pas encore prêts pour cela. Cela viendra peut-être mais dans des années. Pour le moment je dirais non.
Quelles sont tes références dans le journalisme ?
(Silence, elle réfléchit) Je regarde beaucoup les 20h. Une carrière comme celle d’Elise Lucet par exemple est assez remarquable : elle a fait le JT pendant longtemps et aujourd’hui son émission Cash est culottée je trouve. On la redécouvre. Mes modèles, pour ne pas citer de noms car je n’aime pas trop citer de noms, sont plutôt des gens qui surprennent après des années et des années de même travail ou de même place dans une chaîne ou dans une émission. Ce sont des gens qui savent rebondir. Je trouve que la carrière d’Elise Lucet est assez impressionnante.
Tu as presque le même âge que Canal +…
Même pas ! Je vais avoir 27 ans la semaine prochaine. [L’entretien a été réalisé le 10 décembre, ndlr]
Canal + est une chaîne avec laquelle tu as grandie ?
Oui, mes parents étaient abonnés à Canal avant que j’arrive à la maison. C’est une chaîne que j’ai toujours suivie. Quand je suis sortie de mon école, j’avais vraiment envie de bosser pour cette chaîne et je m’en suis donnée les moyens. J’ai tapé à la porte de Canal.
Sur internet la vidéo de ton casting à la Miss météo du Grand Journal a refait surface. Quelle était ta vision de cette case du Grand Journal ?
C’est une vieille archive en fait. Les gens ont cru qu’elle datait de cette année, mais c’est une vidéo qui a je pense cinq ou six ans. Je trouve que c’est une référence. C’est une case et un rôle super à Canal. Ce n’est pas celui que je veux jouer, mais je peux te citer les dix miss météo qui sont passées au Grand Journal sans problème. Cela veut dire quelque chose. Ma vision de cette place dans le Grand Journal est hyper positive. Je regarde encore de temps en temps en direct si je peux.
Par contre l’interprétation de la vidéo a été une sacrée mésaventure, puisque j’étais mannequin au moment où elle a été faite. Donc c’était plutôt légitime à ce moment-là. J’avais vingt ou vingt-et-un ans je crois. Et elle n’a pas du tout déclenché, comme il a été prétendu, mon arrivée dans le Petit Journal. Elle est totalement indépendante de cela.
Pour la petite histoire, cette vidéo a été considérée comme une casserole, le truc qui a été ressorti du placard aux archives d’internet, mais moi je la trouve très mignonne. J’ai une tête de bébé dessus, je fais mon petit truc comme n’importe quelle mannequin ferait un casting. Je n’ai aucun problème avec cette vidéo. Cela fait partie des petits souvenirs qu’on se garde sur notre parcours de vie professionnelle.
Est-ce que tu aimerais tester d’autres supports médiatiques ?
Je suis encore jeune, donc tout me génère une forme d’intérêt, d’attention et d’excitation pour la suite dans le monde de la presse et des médias.
Si tu devais citer un film, un livre et une série qui t’ont marqué en 2014 ?
Il y a un film qui vient de me traumatiser : c’est Night Call, parce qu’il touche notre métier. C’est l’histoire d’un jeune homme qui ne s’en sort pas, qui n’a pas d’argent, et qui devient reporter pour gagner sa vie dans une ville incroyable, Los Angeles. Il couvre des crimes, des histoires de cambriolage et de meurtre. Les chaînes d’info sont à la recherche de scoops. C’est une image du métier de journaliste qui est hyper sale, assez traumatisante. J’entendais des gens dans la salle à côté de moi qui disaient : « De toute façon les journalistes sont tous comme cela ». Cela m’a énormément marquée, cela m’a fait beaucoup réfléchir sur mon métier. Je pense qu’il est important que l’on fasse les choses proprement.
En livre, j’ai lu cette année Beautiful People, d’Alicia Drake, qui est un portrait croisé de Karl Lagerfeld et Yves Saint Laurent. Je le cite régulièrement, parce que oui j’ai été mannequin, et oui c’est un monde que je ne rejette pas du tout. La mode et la vie des gens de la mode me fascinent. Je lis donc encore beaucoup des choses en rapport avec la mode, et c’est mon livre de l’année.
En série, Breaking Bad, dont j’ai dévoré toutes les saisons cette année.
Dans les événements que tu as chroniqués cette année, quels seraient ceux qui t’ont le plus marquée ?
J’ai un petit chouchou cette année, que je regarde sur internet toutes les semaines, c’est un présentateur anglais qui travail sur une chaîne américaine, qui s’appelle John Oliver. Il reprend des sujets d’actu et les traite de façon très drôle et qui fait réfléchir. Il fait partie de mes personnalités médias de l’année.
Dans ce que j’ai traité j’ai beaucoup aimé voir tous les rebondissements de la vie médiatique et privée de François Hollande, je ne vais pas dire le contraire, je m’y suis intéressée. J’ai regardé ce que Valérie Trierweiler a fait en Angleterre.
J’ai aussi été extrêmement surprise par l’ampleur de la victoire de Conchita Wurst à l’Eurovision. Plus kitsch que l’Eurovision, tu meurs. Mais cette fois-ci le gagnant est quelqu’un qui peut devenir vraiment ultra-célèbre. Cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé à l’Eurovision si je ne me trompe pas. Cela m’a beaucoup interpellée.
Propos recueillis par Mathieu Dejean
La Nouvelle Edition, présentée par Ali Baddou, tous les jours de la semaine à 12h20 sur Canal + en clair
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