La Jamaïque n’est plus une île depuis que sa musique a semé des graines aux quatre coins du globe. Groupes traditionnels, animateurs de sound-systems, dub masters, toasters, chanteuses pop, musiciens venus du rock ou de l’industriel : cette culture, en France autant qu’ailleurs, semble avoir affecté les habitudes d’écoute et la vision artistique de beaucoup. Petit questionnaire pour en savoir plus sur ceux qui aiment et font le reggae chez nous.
Comment avez-vous découvert le reggae ? Avec quel titre ? Dans quelles circonstances ?
Daddy Nuttea (un des toasters les plus puristes de l’Hexagone)
Grâce aux disques de ma mère. Le premier fut Burnin’ des Wailers.
Lord Kossity (toaster acolyte de NTM)
Je suis d’origine antillaise, donc de la Caraïbe. J’ai découvert le reggae en fréquentant des sound-systems. Cela fait partie de la culture caribéenne. Mon inspiration vient de Bob Marley, Black Uhuru, Peter Tosh.
Imhotep (architecte sonore d’IAM)
Catch a fire de Bob Marley fut l’album de la rencontre. C’était en 74, en vacances.
Good Morning Babylone (reggae roots)
A l’âge de 4 ans, dans ma misère et dans mon ghetto. J’arrive du bas et le reggae est de là-bas. Les premiers morceaux entendus étaient Jammin’ et Get up stand up, les premiers artistes dont j’ai souvenir sont Bob Marley et Peter Tosh. C’était vers 1977, année porte-bonheur.
Baz Baz (dub pop parisien)
En fumant des spliffs chez un copain dans sa chambre de bonne, en 1983. C’était Police officer, de Smiley Culture.
Anouk (chanteuse d’origine arméno-algérienne. Mélange reggae, ska et sono mondiale)
En dansant sur Reggae night de Jimmy Cliff pendant des vacances en Algérie. Mon cousin avait un groupe qui animait les fêtes et les colonies de vacances. C’était au début des années 80.
Massilia Sound System/Jali et Lux B (confrérie musicale marseillaise pratiquant le reggae, l’occitanie et le football)
En écoutant les punks en 1977. C’est l’Angleterre qui a amené cette culture au moment où la dimension rebelle, les rastas et le punk se sont téléscopés.
Manu Chao (ancien chanteur de la Mano Negra. Un premier album solo aux couleurs nomades)
Santi, le batteur de la Mano Negra, m’a fait plonger dedans. Pendant les tournées, les disques de Marley n’arrêtaient pas de tourner dans le bus de la Mano.
Frenchie (producteur de Raggasonic)
Mon grand frère écoutait essentiellement du ska. Des productions Studio One, Prince Buster, Treasure Isle, vers 1984-1985.
Sinsemilia/Mike (groupe grenoblois conciliant reggae, punk et esprit militant)
Par l’intermédiaire des grands frères et des grandes soeurs qui avaient des albums de Marley dans leur discothèque. Je suis tombé dedans vers 13-14 ans, époque où je me cherchais des idoles. Et donc j’ai tout intégré : la musique, le message et le côté rasta.
Pierpoljak (chanteur de reggae pop qui enregistre à Kingston)
Je suis parti en Angleterre quand j’avais 15-16 ans. J’avais lâché l’école et là-bas, j’habitais Brixton, le quartier des Jamaïcains et des immigrés des Antilles. Mes premiers chocs : Desmond Dekker et Slim Smith, qui est peu connu.
Neg’ Marrons/Jacky, Ben’j et Djamati (toasters proches de Ministère Amer et Doc Gynéco)
Mes parents en écoutaient régulièrement. Les premiers artistes que j’ai entendus, au début des années 80, étaient Peter Tosh et Bob Marley. Je me souviens du titre Iron Lion zion.
Treponem Pal/Marco (groupe parisien associant punk industriel et dub)
Par l’intermédiaire de Bob Marley mais aussi grâce aux stations-service Antar sur l’autoroute, il y a bien vingt ans de ça : quand mon père faisait le plein, il recevait en cadeau des 45t, dont certains de reggae.
Qu’est-ce qui vous a séduit ? Qu’est-ce qui, selon vous, le distingue des autres musiques ?
Daddy Nuttea
Les rythmiques et la vibe. Le côté spirituel également. Cette spiritualité n’occulte pas le message social. Cette musique a su défendre les laissés-pour-compte et je pense que la jeunesse du monde l’a bien compris. Sa spécificité se traduit ainsi : belles mélodies, spiritualité, défense des opprimés, message de paix. Ces éléments donnent une assez belle image. Le reggae revendique, mais sans violence.
Lord Kossity
La basse, la douceur du flow qui pourtant reflète une dure réalité. Sa dimension universelle aussi.
Imhotep
Le son, la basse en avant, le rythme. Sa pulsation, qui est celle du rythme cardiaque, en fait un truc à part. Je me suis senti concerné par ce qui accompagne le reggae : j’apprécie la portée à la fois réaliste et mystique des textes.
Good Morning Babylone
Cette musique te prend le coeur et circule dans toutes les veines du cerveau. Et elle te parle pour être libre comme un oiseau. Le reggae vient du ciel pour entrer dans la terre et ressortir par les fleurs puis par les arbres. Elle veut dire que la racine de toute chose, c’est l’amour.
Baz Baz
Le côté hypnotique du groove, les mélodies et le blues.
Massilia Sound System
Son gros son, les basses qui envoient le bois. Les paroles ont un caractère local qui, grâce au groove, prend une dimension universelle. Le reggae a la capacité de pouvoir se fondre avec les folklores et de se recréer en permanence, de façon continue. Cette musique prend racine partout où elle se pose. On a tout assimilé, tout pris en bloc comme les Jamaïcains nous le livraient et, ensuite, on l’a adapté à notre situation de Marseillais, en gardant l’essence.
Manu Chao
C’est un blues merveilleux. Sa force, c’est sa simplicité, sa soul et sa chaloupe médicinale. Rythmiquement, ce mélange spontané de rhythm’n’blues, de calypso, de musique cubaine reste inégalé.
Frenchie
Le champ de fréquences du reggae est définitivement le plus largement couvert : sans donner dans le délit d’initié, les basses peuvent facilement atteindre les 50 Hz, les aigus touchant les 15 Khz une largeur très spécifique et immédiatement identifiable. Egalement le cliché basse et batterie, avec le skank de la guitare et la caisse claire marquant le troisième temps.
Pierpoljak
Le rythme et la basse qui te massent le ventre, les vibrations qui te prennent. Moins les paroles, car je maîtrisais mal l’anglais et de toute façon, c’est souvent du patois… Les rastamen du quartier et leur look m’attiraient aussi, mais je n’osais pas aller leur parler. Je kiffais en silence.
Daddy Yod
Le message de Bob : social, spirituel, culturel, ça parlait de Dieu, de la vie quotidienne. Pas comme la variété que j’écoutais avant, Claude François ou Johnny Hallyday.
Vous êtes-vous senti concerné par ce qui accompagne cette musique : l’attitude, la religion, l’Afrique ? Le reggae est-il dépositaire d’un message ?
Lord Kossity
Je me suis senti concerné par tout ce qui accompagne le reggae car on peut s’y retrouver aisément. Mon approche s’accompagne fatalement d’une sensibilité particulière envers l’Afrique et le tiers-monde car moi-même, je viens d’un département qui est une ancienne colonie. Le message du reggae est très pieux car la présence divine est très forte dans les textes. Il fait toujours appel à des événements politiques, sociaux ou religieux. C’est une musique qui tire sa substance de la souffrance et de la misère issues des tribulations des esclaves. Le message dominant, c’est paix et unité.
Imhotep
Il est dépositaire de la parole des descendants d’esclaves et, par extension, des exclus et des exploités d’aujourd’hui.
Good Morning Babylone
Je me sens concerné par tout ce qui accompagne le reggae puisque je vis sa cause. Je suis un rastaman et je suis un alpiniste de la sécrétion des sons. Le reggae n’est pas un parti politique, il ne t’oblige pas à l’écouter, à te référer ou à te soumettre à ses lois. Le chanteur est là pour faire couler une larme et l’homme politique est là pout te faire pleurer différemment.
Anouk
Mon approche s’accompagne d’une sensibilité particulière : je suis issue de deux peuples qui ont beaucoup souffert.
Massilia Sound System
Pas besoin du reggae pour être sensible aux problèmes de l’Afrique et du tiers-monde. Tout le monde doit se sentir concerné, quels que soient son activité ou ses goûts. Le message le plus clair du reggae est que la culture d’un pays du tiers-monde de la Jamaïque en l’occurrence avec 2,5 millions d’habitants arrive à rayonner sur la planète et influencer toutes les musiques actuelles.
Manu Chao
Maintenant, je décroche dès qu’on me parle de Jah. Marley avait l’intelligence de ne pas t’imposer le côté religieux, alors que d’autres groupes te servent Jah Rastafari à chaque ligne de leurs textes. Ça devient tellement pénible que tu as envie de leur dire que Jah n’est pas un businessman, ni un outil de marketing. Si certains ont trouvé dans le reggae la meilleure expression musicale pour diffuser des messages de paix, d’autres l’utilisent pour vendre des disques. Le reggae va de Marley à UB 40. Comme toutes les musiques, il a été récupéré par le commerce.
Sinsemilia
L’Afrique est un endroit qui nous touche beaucoup. On s’y est rendus deux fois, pour se cultiver humainement. Le reggae est pour nous une musique militante, donc forcément dépositaire d’un message. Par contre, ce message peut prendre plusieurs formes et chacun y met ce qu’il veut, tant qu’il ne s’agit pas de prêcher la haine.
Pierpoljak
J’ai senti le côté rebelle, non contrôlé par l’establishment du reggae et ça m’a tout de suite plu. A la base, le reggae a été créé en réaction à l’esclavage et au colonialisme, c’est la musique d’un peuple qui était sous le joug. Il est normal que tous les pauvres et les opprimés s’y soient reconnus et se soient ralliés sous sa bannière.
Treponem Pal
Tout le monde peut se sentir concerné par les paroles du reggae. Moi, je viens du 93 et j’ai été particulièrement sensible aux textes, parlant des cités, de poètes urbains comme un Linton Kwesi Johnson. Même si j’ai plutôt évolué sur la scène punk, le reggae m’a toujours accompagné, et plus encore le dub. Qu’on écoute du reggae ou pas, à moins d’être un égoïste total, je me demande bien comment on peut ne pas avoir de sensibilité particulière pour le tiers-monde. Quant à l’Afrique, chez moi tout est décoré à l’africaine. J’ai des masques, je vis dans un environnement chaud et coloré et j’aime le côté mystique de l’Afrique, même si je n’y suis encore jamais allé.
Pensez-vous que la place qu’occupe Bob Marley dans le reggae, par rapport aux autres artistes, soit trop importante ?
Daddy Nuttea
Il a fait découvrir le reggae au grand public. Sa place n’est pas trop importante, il a la place qu’il mérite, la place d’un musicien qui a fait évoluer la musique. Comme Marvin Gaye dans la soul.
Imhotep
Je trouve Bob Marley important en tant que pionnier du reggae. D’autres artistes auraient mérité une aussi grande reconnaissance et il est dommage que le public international connaisse aussi peu d’artistes en dehors de lui.
Good Morning Babylone
Marley est le plus grand. C’est grâce à lui, et je le remercie du fond du coeur, que je suis aujourd’hui un chanteur. C’est grâce à lui que je vis tout ce que je vis. Marley a tout amené dans le reggae. Peter Tosh est grand aussi. Jacob Miller idem. Et grâce soit rendue aux Wailers, les plus grands musiciens du monde. Eux qui ont fait vibrer toute mon enfance.
Baz Baz
L’importance de Marley est énorme, mais le reggae lui-même est encore plus important que Bob. Sa place est même un peu trop importante, ça en devient parfois réducteur et caricatural.
Anouk
C’est lui qui a exporté le reggae. Je ne pense pas que sa place soit trop importante par rapport aux autres artistes reggae mais qu’au contraire il ouvre les portes aux centaines d’artistes moins connus dans le monde.
Manu Chao
Je ne connais pas un artiste qui te dira « Marley me fait de l’ombre ». Autant la controverse peut exister lorsque tu cherches à savoir qui a inventé le rock, autant il n’y a pas de débat possible sur le reggae. Le reggae, c’est Marley, point. Marley est le meilleur passeport qui existe. Avec un badge de Marley, tu peux faire le tour du monde, aller dans les quartiers les plus durs sans crainte. Ça m’a sauvé la vie plusieurs fois. Il est le seul à posséder cette dimension planétaire, à incarner à la fois la rébellion et la non-violence. Ses textes sont tellement universels qu’un type de Casablanca se sentira aussi concerné qu’un Jamaïcain en les écoutant.
Frenchie
Sur le fond comme sur la forme, les lyrics, le son, rien n’a pris une ride. Son importance n’est pas surestimée.
Sinsemilia
Après, tout un business s’est développé, mais ce que Marley dégageait sur scène était tellement fort que c’était forcé de marcher. Cependant, sa place prépondérante ne doit pas laisser dans l’ombre d’autres artistes qui mériteraient plus de reconnaissance. Quand, vingt ans après sa mort, Marley reste la seule référence reggae sur certaines FM, on nage en plein décalage.
Pierpoljak
D’après moi, c’est le plus grand artiste qui ait jamais existé. Ses textes sont plus forts que les versets de n’importe quel livre religieux. Marley va au-delà du reggae : il est la preuve que la musique peut faire évoluer les esprits et il a mis d’accord la planète entière. D’autres artistes ont du talent mais lui est vraiment représentatif. Il ne faut pas s’arrêter à la récupération commerciale de son image.
Neg’ Marrons
Son importance n’est pas surestimée. Comme partout il faut un leader, une pièce maîtresse. Du moment qu’il accomplit ce qu’il promet. Et je pense que Bob en a fait autant pour lui que pour les autres artistes du reggae.
Treponem Pal
La place de Bob Marley n’est certainement pas trop importante. Il a véhiculé hors de la Jamaïque ce que des millions de gens ressentaient à l’intérieur du pays, mais il ne représente pas tout non plus. Il reste une référence et le dieu du genre, mais les idées qu’il véhicule l’ont été aussi par plein d’autres rastas en Jamaïque.
S’intéresser au mouvement rasta et fumer de l’herbe est-il indispensable pour apprécier le reggae ?
Daddy Nuttea
Je connais beaucoup de musiciens qui font du reggae sans adhérer au rastafarianisme. Le reggae est une musique du peuple avant d’être celle d’un groupe religieux. L’herbe n’aide pas à apprécier le reggae. Pas plus que l’alcool n’aide à apprécier le rock.
Lord Kossity
Fumer de l’herbe permet de s’ouvrir l’esprit, aide à la méditation, cependant ce n’est pas une nécessité pour apprécier le reggae.
Imhotep
Je ne dirais pas que fumer de l’herbe aide à mieux apprécier le reggae, mais l’inverse : écouter du reggae aide à apprécier le cannabis. C’est une boutade.
Good Morning Babylone
La religion rasta fait partie du reggae. On ne peut dissocier l’esprit et la musique, ils ne font qu’un. Chaque tribu fait partie du maillon de la chaîne de Jah pour pouvoir continuer le travail de l’existence humaine. Le reggae n’est pas là pour t’inciter à fumer, il est là pour réveiller une partie de toi-même. Je ne cacherai pas que je suis un fumeur d’herbe je ne bois jamais d’alcool et je ne touche pas à la came.
Baz Baz
La religion rasta est à mon avis accessoire. Fumer n’aide pas à mieux apprécier le reggae mais c’est quand même plus rigolo avec.
Massilia Sound System
La religion rasta est accessoire mais on la respecte, comme toutes les autres religions, à partir du moment où elles se montrent elles-mêmes tolérantes. L’herbe peut aider à apprécier le reggae, mais il faut vraiment qu’elle soit bonne.
Frenchie
Cette conscience politique, sociale et religieuse n’est qu’un des aspects de cette musique. Pour une partie de la musique dite « roots », à l’opposé de la musique dite « ragga », elle est définitivement indissociable. La plupart des chanteurs et DJ’s rastafariens prônent dans leurs chansons la religion rasta. Je ne sais pas si l’herbe aide à apprécier le reggae, je ne fume pas.
Sinsemilia
Pour moi, l’essence reggae véhicule forcément un message, mais la religion rasta n’en est pas indissociable. La preuve, nous, on n’est pas rastas mais on essaie de faire le reggae le plus honnêtement possible. D’ailleurs, ce serait se mentir que de jouer les rastas en ayant grandi à Grenoble.
Pierpoljak
Je respecte beaucoup la foi de rastaman en son créateur Hailé Sélassié. Ce n’est pas artificiel. Même si ricaner sur l’Ethiopie est un trip en vogue chez les Européens, ça montre bien qu’ils n’ont pas été au fond du reggae. L’herbe a été amenée en Jamaïque par les hindous et le rastafarianisme par les Africains. Chacun fait ce qu’il veut, de très grands musiciens ne fument pas ou ont arrêté, d’autres continuent. Mais en tout cas, la weed n’est pas faite pour te mettre à quatre pattes, plutôt pour élever ton esprit.
Daddy Yod
Je n’aime pas trop le mot religion : être rasta, c’est tout un mode de vie. Certaines choses sont associées à la religion rasta. Beaucoup de gens sont végétariens par exemple. A l’époque, certains journalistes disaient que le message de Bob, c’était n’importe quoi, mais en fait, maintenant, on se rend compte du contraire. Fumer aide à apprécier le reggae, bien sûr. Tout cela va ensemble.
Neg’ Marrons
Je ne fume pas et je défie n’importe quel fumeur de me dire qu’il apprécie plus le reggae que moi.
Treponem Pal
Fumer, ça peut être un plus, mais le reggae, c’est déjà une musique tellement forte qu’elle te stone la tête sans que tu aies besoin de prendre autre chose.
Que pensez-vous du dancehall et du nouveau reggae digital ?
Daddy Nuttea
En Jamaïque, le reggae a de multiples facettes ; le dancehall, j’en écoute depuis quinze ans et, à mon humble avis, ce serait une erreur de n’écouter que cela.
Lord Kossity
Le dancehall me fait penser au hip-hop des Caraïbes. Les artistes sont jeunes, certains sont des rastas, d’autres ne le sont pas mais restent en phase avec la philosophie du rastafarianisme. Les gens se réfèrent aujourd’hui à ce qui s’est fait à l’époque de Bob Marley. Ils ne peuvent approfondir la connaissance, car le reggae digital, ou le dancehall, n’est pas joué partout, c’est aux gens d’aller vers lui.
Imhotep
Le dancehall et le reggae digital sont au reggae ce que le hip-hop est à la soul et ce que la techno est au disco. J’aime autant le reggae roots que le dancehall.
Good Morning Babylone
Il faut accepter l’évolution de toute musique et le dancehall reste le reggae.
Baz Baz
Je trouve le dancehall et le nouveau reggae digital mortels, surtout le lover style.
Anouk
J’espère personnellement que le reggae digital et le dancehall vont atteindre un plus large public.
Massilia Sound System
On en pense le plus grand bien, c’est ce que fait Massilia Sound System depuis toujours. Le dance hall, traduisez « salle de bal » en français et « balèti » en occitan, traditionnellement, c’est un lieu en ville ou à la campagne où les fans de reggae se rassemblent pour écouter leur sound-system favori toutes les semaines. Quant au reggae digital, entendez musique reggae faite avec des synthétiseurs et des samplers, c’est comme ça que Massilia fait son reggae, ça nous plaît bien parce que ça va vite pour la composition et que les machines sont toujours à l’heure en répétition, elles ne boivent pas de bière ni ne fument d’herbe, elles ne se plaignent jamais et jouent toujours juste.
Manu Chao
Sur le plan de la recherche musicale, des inventions sonores et mélodiques autour de la chaloupe de base, le dancehall m’intéresse énormément. Dans les clubs jamaïcains de New York, où je suis DJ de temps en temps, j’en passe beaucoup. Mais au niveau des textes, le dancehall est un peu au reggae ce que le gangsta est au rap. Le message a plus à voir avec la révolte armée qu’avec la paix.
Sinsemilia
Je suis d’accord avec le concept de reggae digital s’il correspond à une réalité économique. Mais je préférerai toujours une musique humaine à une musique d’ordinateur. Le dancehall, c’est une évolution, c’est la continuité du reggae traditionnel. Ensuite, tant que le message reste intéressant, ça me va, mais si le mec est là pour parler de cul, je ne m’y retrouve plus. Par exemple, j’ai du mal à voir le rapport entre le reggae et Shabba Ranks.
Pierpoljak
J’aime le digital et ce renouveau apporté par le dancehall en Jamaïque est plus intéressant que ce qui se faisait il y a six ou sept ans. Mais le digital, les machines, c’est surtout une question de budgets étriqués et j’espère quand même que les enregistrements avec des musiciens vont revenir.
Daddy Yod
Les choses évoluent, mais au bout d’un moment, on finit toujours par retourner aux racines.
Neg’ Marrons
Le digital est une étape dans le reggae, mais pour moi, les vraies vibrations sont dans la musique live.
Treponem Pal
J’aime le dancehall, de toute façon j’adore tout ce qui est son neuf alors un nouveau son en reggae, je ne demande pas mieux. Il y a une nouvelle énergie assez rentre-dedans, comme dans le ragga.
Qui aujourd’hui incarne selon vous le mieux l’identité du reggae ?
Daddy Nuttea
Luciano pour le spirituel, Beenie Man pour le divertissement, Israel Vibrations pour le côté rocker, Sizzla et Anthony B pour la spiritualité qu’ils apportent dans le dancehall.
Lord Kossity
Sizzla, BujuBanton et Capleton.
Imhotep
Luciano, Capleton et Sizzla.
Good Morning Babylone
Burning Spear et Israel Vibrations incarnent aujourd’hui l’identité musicale et philosophique du reggae.
Baz Baz
Baz Baz
Frenchie
Sizzla, Beenie Man, Buju Banton, Raggasonic.
Sinsemilia
Burning Spear en incarne l’âge d’or, Macka B en Angleterre son approche plus moderne et, quitte à faire bondir certains puristes, je trouve que Ziggy Marley mène bien sa barque.
Pierpoljak
Buju Banton : il a bien évolué, passant du statut de jeune voyou excité à autre chose, plus spirituel.
Daddy Yod
En ce moment, Buju Banton et Capleton.
Treponem Pal
Buju Banton aujourd’hui, mais j’apprécie surtout le reggae urbain et anglais comme Disciples ou Rootsman, car je ne vis pas à l’heure de la Jamaïque.
Quel est votre morceau de reggae favori ?
Daddy Nuttea
Small axede Bob Marley.
Lord Kossity
Ride natty ridede Bob Marley.
Imhotep
Ain’t no sunshine when she’s gonede Horace Andy et Taxi to Baltimore dub des Scientists.
Good Morning Babylone
No woman no cryde Marley.
Baz Baz
Reggae got soulde Toots & The Maytals.
Anouk
Old picture framede Ninjaman.
Massilia Sound System
Poor millionairede Gregory Isaacs.
Frenchie
Police & thieves de Junior Murvin.
Sinsemilia
Concrete jungle de Marley.
Pierpoljak
Rock in timel’album de Burning Spear.
Daddy Yod
The Heathende Bob Marley.
Neg’ Marrons
No woman no cry de Bob Marley
Treponem Pal
Gregory Isaacs avec Rock on, quoique… non, plutôt Prince Far I avec When the king comes on earth.
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Guillaume Barreau-Decherf, Marc Besse, Anne-Claire Norot, Vincent Tarrière.
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