Pour ceux qui veulent se ressourcer à leur imaginaire d’enfant, l’Illustre Famille Burattini ouvre la voie.
Qu’est-ce qui peut bien pousser un collectif d’architectes, plasticiens, journalistes, scénaristes, marionnettistes et réalisateurs à s’échiner depuis des lustres à authentifier les mythes de nos enfances ? « L’envie de sortir les gosses de l’abêtissement, de la violence et le désir de pouvoir leur dire un jour « Tu te souviens ? » Cette manne qu’est l’imaginaire englobe tant de techniques qu’il serait dommage de s’en priver.«
Les enfants comme dénominateur commun du parcours iconoclaste de l’Illustre Famille Burattini, emmenée par leur père à tous, sieur Buratt lui-même : « Je suis un gosse de la Porte de Clignancourt. Mon grand-père parlait yiddish, ça situe tout de suite le bonhomme. De 12 à 17 ans, j’ai vécu en Afrique du Nord, au Maroc. Pour moi, c’était les Mille et une nuits. A mon retour, j’ai découvert les marionnettes au petit jardin du Ranelagh et c’est Luigi Tirelli, marionnettiste du Champ de Mars, qui m’a appris le métier et m’a présenté l’Italien de La Bourboule : Papa Tino. C’était le petit-fils du philosophe Benedetto Croce, fondateur du PS italien. Il a été mon maître et m’a remis sur les rails en me transmettant la philosophie comme une manière de regarder et d’entendre. C’est le seul truc qu’on puisse transmettre. Ses gosses venaient voir mes marionnettes. Et puis ils ont grandi… et on a fondé l’Illustre Famille Burattini.« Simple comme bonjour !
Si Maubeuge les découvre et que Marseille les attend pour Noël, La Bourboule les connaît bien. Après vingt ans de théâtre de rue, leur biennale des Petits Veinards, initiée en 1994, n’aime rien tant que de prendre son public par surprise. Tout commence par un bluff. Hénaurme. « Au départ, on a proposé un festival sans programme et sans date précise d’ouverture. Au lieu d’annoncer les festivités par un entrefilet dans les pages culture, on crée un fait divers qui lance la rumeur avec la complicité des journalistes. Parfois, il faut lancer un démenti… les gens y croient ! » Croient aux ravages occasionnés par le Jabberwock, cet oiseau mythique qui ne se nourrit que de cactus givrés, imaginé par Lewis Carroll. De cet oiseau sortait un cristal géant qui parlait aux gens. A chaque biennale son auteur : après Jules Verne et Lewis Carroll, c’est au tour de Conan Doyle cette année et George Stevenson pour l’an 2000. La ville a sept jours pour mener l’enquête…
Même principe mais décliné autrement pour Maubeuge : le musée des Contes de fées raconte l’histoire de ce bonimenteur forain qui parcourt l’Europe entière et rachète tout ce qui appartient aux personnages des contes de fées. Deux ans de boulot pour mettre la main sur les cailloux du Petit Poucet, la robe de Cendrillon, les bottes de sept lieues, une bobinette en parfait état de marche… Des objets monumentaux éparpillés dans une forêt de 200 m2 entièrement reconstituée dans les sous-sols d’une poudrière. En référence à Bruno Bettelheim qui comparait la traversée d’une forêt par l’enfant à un chemin initiatique, le parcours ici proposé aux enfants et à leurs parents commence par une découverte des objets, puis les entraîne, malgré eux, à devenir acteurs d’une drôle de chasse aux trésors. Mieux que ça : personnages à part entière de ce patrimoine imaginaire cher à Malraux et trop souvent relégué au fond du placard à balais.
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