Les Trans Musicales de Rennes et leur off, les Bars en Trans, s’entremêlaient ce week end dans la capitale bretonne. Grande joie : on y était, on vous fait un bilan des meilleurs concerts.
SAMEDI
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Kid Wise
Il fallait être brave et courageux pour s’engager dans la rue de la Soif un samedi soir. Cette petite rue pavée, dont la réputation n’est plus à faire et qui devient rapidement impraticable la nuit venue, nous guide pourtant vers un des espoirs les plus attendus des Bars en Trans 2013. C’est à l’étage du bar Le Sympathique que l’on retrouve les Toulousains Kid Wise, hauts comme trois pommes mais forts comme le cidre local. Mené par le jeune prodige Augustin Charnet – chanteur et musicien surdoué officiant aussi chez les Pianos Sauvages – le sextuor confirme ‘La Sagesse’ désarmante de leur premier EP et ‘La Renaissance’ des styles du second ; le violon venant rajouter sur scène une dose supplémentaire de sentiments à tout ce petit monstre de pop sacrée. Et si le projet de ces jeunes bacheliers peut surprendre par sa maturité et son côté quasi grandiloquent, on reconnaît que leur démarche reste elle toujours aussi spontanée. Summum du cool : on aperçoit le héros de leur dernier clip à succès ‘Hope’, prêt à remballer les caisses après le concert ! Groupie un jour. A. A.
Samba de la Muerte
La nouvelle scène française est riche de tous les talents. Des plus punk aux plus pop, tous (ou du moins les meilleurs) savent se démarquer en inventant leur propre monde. Et ce n’est pas Adrien, clavier des Caennais de Concrete Knives, qui nous fera penser le contraire avec son projet solo. Sur disque, on connaissait Samba de la Muerte explorant le folk en véritable chercheur d’or, toujours à l’affut de nouveaux outils pour améliorer la quête. Sur scène, il se fait diamantaire: entre voix cristalline et arrangements lumineux, entre Bon Iver et Animal Collective, c’est l’énergie rock de l’ensemble qui donne son épaisseur au projet. Entouré de ses musiciens, Adrien saute, danse, se met à genoux. Il donne tout. Et c’est vraiment très beau. M. de A.
Salut C’est Cool
Alors qu’elle jouait le soir même pour les Bars en Trans, la bande parisienne a jugé bon d’en rajouter une couche. Pas vraiment habitué à faire comme tout le monde, Salut C’est Cool débarque à 18h à la sortie du Liberté, à la fin du concert de Rhume. Devant la salle, il y a une fête foraine – soit le décor rêvé pour un happening à la con et à la coule : un bon gros délire à la Salut C’est Cool. Coupes mulet ou au bol, habillés avec les pires (ou les meilleures, selon le point de vue) fringues du monde, ils prennent en otage La Boutique aux Merveilles, un de ces stands bien kitsch où l’on tire des ficelles pour gagner de vilaines peluches animalières. Ils posent une enceinte, branchent un ordi et hop, c’est parti pour quelques chansons complètement ratées, avec un son vraiment dégueu. « La musique sort des enceintes. Vous entendez ? » Ils répéteront ça en boucle. Imperturbables, les responsables du stand continuent de travailler. « A tous les coups on gagne ! Une petite partie ? » Et voilà Salut C’est Cool qui se met à répéter ça frénétiquement, avant d’arrêter de chanter pour aller jouer avec les ficelles. Ils offriront ainsi un horrible chien en peluche à une « chanceuse » du (petit) public. Bientôt, le show est fini. C’était vraiment n’importe quoi. Le lendemain, on tombe sur eux à la gare, avant de rentrer à Paris. Sur le parvis, ils jouent avec des bouts de bois et font de la trottinette. Chez Salut C’est Cool, l’absurdité n’est pas qu’un prétexte artistique : c’est aussi un mode de vie. M. de A.
Dead
La voix est grave, la guitare stridente, les ombres inquiétantes, les boites à rythmes rappellent le jeu de batterie métronomique de Stephen Morris et l’ep s’appelle Transmissions. Autant de références stylistiques affichées comme un aveu : Dead ne cache pas l’influence nourricière de Joy Division. On découvre le groupe à L’Etage, dans la pénombre donc. C’est samedi, le concert est gratuit et la fête foraine mitoyenne a attiré les familles et les curieux. Ils ne seront pas déçus. Une heure durant, Dead propose une version alanguie et contemporaine de la new-wave. Un voyage sonique progressif qui impose de belles escales, aussi jouissives qu’inattendues. Tour à tour, des souvenirs de Nicolas Jaar et Darkside se mélangent à d’autres plus lointains (Brian Eno, D.A.F.) dans un concert grandi par ses contrastes de sons. L’électronique froide sortie des synthés enrobe la chaleur de la voix, les riffs de guitare griffent la toile de beats claqués, et les Rennais imposent finalement une relecture moderne d’un passé que l’on pensait intouchable. A. F.
Daughn Gibson
Ancien camionneur, Daughn Gibson n’étonne qu’à moitié en se pointant en marcel dans le vilain froid du Hall 3. Large d’épaule, puissant et mâle, il tient son micro comme le crooner qu’il est – tout semble pouvoir basculer à n’importe quel moment, mais tout est parfaitement sous contrôle. Avec une formation réduite (ils sont trois sur scène), l’Américain enchaine quelques morceaux de country moderniste, de blues electro, de songwriting urbain. Symbole à lui tout seul de l’histoire musicale américaine, il électrise en un coup de sampler ce côté-ci de l’Atlantique, dont l’air marin semble enivrer à distance. Une chanson de Daughn Gibson – une des plus folles de son dernier album – a d’ailleurs pour titre Mad Ocean. Un océan fou : on ne trouvera pas de plus belle image. M. de A.
Rhume
Samedi après-midi à Rennes, trois semaines avant les fêtes de fin d’année : une foule s’amasse dans les rues marchandes et sur l’esplanade Charles-de-Gaulle: une fête foraine bruyante s’y est installée et vient mordre les pieds du Liberté – refuge des Professionnels au RDC et temple des découvertes francophones à l’Etage. Enfants, professionnels et badauds s’y entassent pour assister à une après-midi de concerts gratuits. Dès les premières minutes, quelques îlots de spectateurs non-initiés tressaillent devant la prestation de Rhume. Car si Jean-Louis Brossard – fondateur et programmateur des Trans depuis 35 ans- vient d’annoncer un hypothétique successeur, il est loin d’avoir dit son dernier mot et nous le prouve habilement avec cette crève sans précédent que représente le duo de Dacquois pour la nouvelle scène pop française. Dès les premières mesures, les deux jeunes trentenaires prennent la salle en otage avec la revendication suivante : « BREL, BRASSENS, FERRE LAISSEZ-LES OU ILS SONT ! LA RELEVE EST PRISE. LA RELEVE EST REPRISE ». S’en suivent d’effrayants séismes verbaux et sonores qui en décourageront plus d’un dans le public. Antithèse du très parisien Fauve, on pense au Klub des Loosers, relevé d’un humour pince sans rire et doté d’un emballage sonore décapant. A.A
{"type":"Banniere-Basse"}