Dialogues entre ciel et terre de Giacomo Leopardi, mise en scène de Christian Peythieu.
Méconnu de ce côté-ci des Alpes, Giacomo Leopardi est un classique de la littérature italienne. Homme des Lumières, il aura tenté de mêler au coeur de son écriture son goût pour la philosophie, la poésie, les sciences, l’astronomie et la philologie. Un homme curieux dont l’amour de la nature, sa passion pour la gent volatile notamment, colore avec finesse ses paysages imaginaires, ce cosmos rêvé dont ses Petites pièces morales témoignent avec humour. Car celui qui disait « J’ai le courage de supporter la privation de tout espoir, de regarder avec intrépidité le désert de la vie, de ne rien me dissimuler de l’infélicité de l’homme » avait néanmoins décidé de chercher, dans les dialogues de ses Petites pièces morales, « à faire entrer dans le domaine de la comédie ce qui jusqu’ici a été la marque de la tragédie ». Vaste programme qui plante les cieux côté cour, notre bonne vieille terre côté jardin, et les fait dialoguer sans se soucier du qu’en dira-t-on. La Terre et la Lune peuvent bien se chipoter, la Mort et la Mode, soeurs terribles, discourir de concert, ou encore Atlas et Hercule jouer au foot avec la Terre : toutes ces situations tragi-comiques n’ont pas d’autre but que de nous divertir de nos malheurs, d’aérer notre ennui, de nous hisser, un bref instant, un tantinet au-dessus de notre condition.
Supportant vaillamment la rudesse des bancs du Lavoir Moderne, sorte de Bouffes du Nord de la Goutte d’Or pour son inconfort et la nudité brute de ses murs, on ne boudera pas son plaisir. Même si la mise en scène de Christian Peythieu est d’une discrétion qui frise l’absence de projet, ses comédiens relèvent le défi et s’emparent avec gourmandise de ces dialogues entre ciel et terre. A peine remis de leurs relations orageuses dans le Macbeth de Stuart Seide, Jean-Quentin Châtelain et Jean-Michel Flagothier jouent comme à la récré et n’hésitent pas à grossir le trait. Les filles font de même (Emmanuelle Brunschwig, haute comme trois pommes à croquer, et Hélène Lausseur, belle plante vénéneuse) et pour un peu, on se croirait au vaudeville. Un vaudeville bricolé, avec des éclairages approximatifs, un décor minimum et des costumes qui laissent à désirer. C’est mal fichu, c’est biscornu… Et alors ?
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