Un Red House Painters et un Low en studio : gros fun.
Pendant quelques jours le studio Hyde Street de San Francisco a dû ressembler à l’école du rire, à un tournage de Patrick Sébastien : grosse kermesse de la gaudriole, de la farce, de la grivoiserie. Mark Kozelek de Red House Painters et Alan Sparhawk de Low étaient dans la place – et la température chuta de quelques degrés. Depuis plus de quinze ans, ces deux roitelets d’un pays pluvieux ont élevé la langueur, la mélancolie et la torpeur au rang de disciplines olympiques, médailles d’or du 100 m ralenti (en 3 h, 18’ et 56”) et du départ totalement arrêté. Pourtant, passé l’anecdote de cette léthargie monumentale, ces deux joyeux drilles ont habitué à un songwriting assez prodigieux, captivant dans son déroulé en image par image, sidérant de ferveur dans sa lenteur, de vie dans son inertie. Ensemble, sur ce projet nettement plus électrique et revêche, ils taillent avec une guitare d’orage une piste dans la broussaille, aux trousses du Crazy Horse de Neil Young. Ne pas oublier que Low rendit des hommages appuyés, même si avachis, à des groupes aussi électriques que Joy Division ou les Misfits et que Red House Painters reprit avec amour et intimité AC/DC : la guitare ne se limite donc pas ici à des échos chagrins, des nappes et des arpèges éplorés, mais aussi à de grosses poussées de fièvre, des accès de rage froide. Ainsi l’imposant Breaker, brise-glace tubesque de cet album incantatoire, qui révèle des musiciens abandonnant le murmure pour des cris, la contemplation pour la confrontation. L’indolence leur allait bien, cette violence sourde et retenue leur va pas mal non plus.
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