Lundi 8 décembre des membres d’un collectif antiraciste ont procédé à un collage sauvage d’autocollants sur des exemplaires de « Tintin au Congo », dont ils dénoncent « le caractère raciste et subtilement négationniste ».
« Produit toxique. Relents racistes. Peut nuire à la santé mentale ». Voilà l’avertissement que l’on peut lire sur les stickers fabriqués par le Groupe d’intervention contre le racisme, qui ont vocation à être insérés dans les albums de Tintin au Congo.
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Ce lundi 8 décembre, un groupe de militants emmenés par Louis-Georges Tin, président du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) a procédé à un collage sauvage dans une grande surface spécialisée à Paris. Ils entendent ainsi dénoncer le caractère « raciste et subtilement négationniste » de l’album d’Hergé, et alerter les lecteurs les plus jeunes, qui se verront peut-être offrir la bande dessinée à Noël. Selon le collectif, l’album est non seulement imbibé de préjugés colonialistes, mais passe aussi sous silence la cruauté du régime colonial du roi Léopold II de Belgique, qui a entraîné la mort de très nombreux Congolais.
Depuis plusieurs années cet album, qui figure parmi les plus vendus de la série, concentre les polémiques. En 2007, Bienvenu Mbutu Mondondo, un citoyen congolais, avait porté plainte contre l’œuvre à Bruxelles et demandait qu’elle soit interdite à la vente, avec le soutien du Cran. La cour de justice de Bruxelles avait finalement lavé l’album de toute accusation en décembre 2012.
L’éditeur belge, Moulinsart, s’était étonné que cette polémique refasse surface, alors qu’Hergé lui-même s’était expliqué après avoir fait l’objet des mêmes accusations dans les années 1960. Il prétextait alors que Tintin au Congo était un « péché de jeunesse », et le reflets de l’opinion majoritaire de son époque (les années 1930).
La campagne du Groupe d’intervention contre le racisme s’appuie cependant sur des décisions qui ont légitimé ses revendications dans d’autres pays. En 2007 une association anglaise, la Commission pour l’égalité des races, avait jugé l’album raciste et demandé son retrait des librairies. En Angleterre la BD n’apparaît ainsi plus dans les rayons pour enfants, et elle est introduite par un avertissement. C’est une introduction de ce type que réclament Louis-Georges Tin et son collectif dans la version francophone de Tintin au Congo.
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