J’ai la tête de celui qui s’entête : Français ou Kabiles, Cathares d’importation ou Toulousains du pavé, Zebda, avec un troisième album en sept ans, prend son temps. Et à contre-pied de l’approche tiède et fade d’une chanson d’aujourd’hui, Motivés ! - album autoproduit préfacé par Alain Krivine ou Lucie Aubrac - permet aux trois […]
J’ai la tête de celui qui s’entête : Français ou Kabiles, Cathares d’importation ou Toulousains du pavé, Zebda, avec un troisième album en sept ans, prend son temps. Et à contre-pied de l’approche tiède et fade d’une chanson d’aujourd’hui, Motivés ! - album autoproduit préfacé par Alain Krivine ou Lucie Aubrac - permet aux trois tchatcheurs du groupe de se retrouver autour d’hymnes des gens de peu : de L’Estaca du Catalan Luis Llach à La Cucaracha, en passant par Le Chant des partisans, on arpente en souriant l’asphalte de l’insurrection et des libertés espérées. Mais on n’ira pas uniquement voir Zebda parce que c’est un groupe de gauche. De même, on ne les appréciera pas seulement lorsqu’ils remettent en front de scène côte à côte avec les Fabulous Trobadors et Bernard Lubat le chant de cet accent des berges de la Garonne dont on a trop longtemps ignoré les mots. Et on ne les applaudira pas mécaniquement lorsqu’ils sanctionnent cette douce, paisible revanche du Sud, dans une explosion de toutes les couleurs, à mille encablures du politiquement jacobin. En fait, on les aimera pour tout ce qui précède, mais surtout parce qu’ils offrent des chansons pour de vrai : « Je fais la marinade des peuples métis/Là où on va on est chez nous. » Désormais affranchi d’une étiquette rap pourtant bien goûteuse, Zebda s’improvise cigale concernée, épicurienne, journaliste. D’entre leurs vers surgissent une Toulouse de l’aube, périlleuse ou alanguie, les jambes haut croisées de filles à la peau chocolat ou la silhouette manouche d’un mangeur de hérisson. Je crois que ça va pas être possible, single annoncé, renouvelle la triste chanson de geste des costumes gris et la réponse insurrectionnelle qui va avec aussi pertinent que Le Mia le fut pour Marseille. Car Zebda condamne, bien sûr, mais comme ça ne suffit pas, fait sourire ou espérer des lendemains de petites victoires sur la médiocrité et la courte vue. D’un funk léger comme un inédit de Chic aux glissements malins de l’accordéon, d’échantillonnages orientaux à des guitares pour veillées, les musiques d’Essence ordinaire carburent à l’humanité de la gourmandise.
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